Aujourd’hui en Suisse
Suisses de Suisse et du monde, bonjour,
Des sourires, des larmes, de l’émotion et du soulagement ces deux derniers soirs à l’aéroport de Zurich, au débarquement de plusieurs centaines de Suisses rapatrié-e-s d’Israël. Mais aussi des frontaliers qui pendulent toujours en voiture entre la France et la Suisse, un référendum en Pologne qui n’a de démocratique que l’apparence, et la manière dont la langue qu’on parle influence notre comportement: c’est le menu de ce jeudi.
Bonne lecture,
Au moins une bonne nouvelle dans la sinistre actualité du Proche-Orient: mardi soir, un premier vol spécial a rapatrié plus de 200 Suisses d’Israël. L’Airbus A321 de la compagnie Swiss, mandaté par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), s’est posé à Zurich avec près d’une heure de retard. Larmes et champagne ont coulé à flots.
Pour la Saint-Galloise Ursula Bernet, 75 ans, cet atterrissage a marqué la fin d’une longue série d’angoisses. Elle a enfin pu retrouver son frère, sain et sauf à son arrivée à l’aéroport. Les nuits sans sommeil, les inquiétudes profondes et les maux de tête sont désormais derrière elle. «J’avais tellement peur pour lui», a-t-elle confié à Blick dans le hall d’accueil de l’aéroport.
Jonathan Kreutner, secrétaire général de la Fédération suisse des communautés israélites, se félicite pour sa part que ses paroles aient fait bouger les choses. Dimanche, il critiquait l’inaction du DFAE. Le Département des affaires étrangères a finalement pris des mesures après ses déclarations. Après le vol de mardi soir, un autre avion de Swiss s’est posé à Zurich mercredi.
«La collaboration avec le DFAE est désormais très bonne», déclare Jonathan Kreutner en faisant l’éloge de la Confédération. D’une part, il se réjouit que des Suisses désireux de quitter leur pays aient pu rentrer chez eux, mais de l’autre il n’est pas serein face à l’avenir. «Je ne suis pas prophète et malheureusement pas non plus optimiste. Tous les signes annoncent une escalade».
Près de 23’000 personnes de nationalité suisse vivent en Israël. Mais la plupart sont bien établies dans le pays et n’ont aucune intention de rentrer.
- Des voyageurs suisses sont rentrés d’Israël sains et saufsLien externe – Blick.ch
- Une Suissesse d’Israël témoigne – Benjamin von Wyl, SWI, 10 octobre
En 2020, encore 77% des pendulaires en provenance de France voisine se rendaient à leur travail en auto. La faute à une offre de transports en commun trop éparse. Genève est le canton où circulent le plus de frontaliers. Hôpitaux, restauration, banques, construction… la plupart des secteurs de l’économie en emploient.
Ce chiffre ne surprend pas Vincent Kaufmann, sociologue à l’EPFL spécialisé dans la mobilité. En 2014, la proportion de frontaliers empruntant la voiture pointait à 80,4%, soit environ trois points de plus qu’en 2020. Il se pourrait même que ce taux soit plus bas aujourd’hui, avec le succès croissant du chemin de fer Léman express. Mais aucune statistique récente n’est pour l’instant disponible.
Fait intéressant: les frontaliers se rendant dans le canton de Vaud sont plus enclins à utiliser les transports en commun. «Les distances à couvrir sont plus longues que pour ceux se rendant à Genève, explique Vincent Kaufmann. Cela peut décourager de prendre la voiture. De plus, les services ferroviaires sont bien développés dans tout le canton.»
- Près de quatre frontaliers sur cinq vont au travail en voitureLien externe – 24 heures (abonnés)
Le 15 octobre, l’électorat polonais renouvelle son parlement et se prononce sur quatre projets de loi importants. Référendum démocratique? Hélas, pas autant qu’il y paraît. Comme nombre de ses concitoyennes et concitoyens, Elżbieta «Ela» Kużelewska, directrice du Centre de recherche local sur la démocratie directe, a de sérieuses réserves et ne participera pas à ce qu’elle qualifie de manœuvre du parti national-conservateur (PiS) au pouvoir.
Le scepticisme d’Ela vient du fait que derrière la combinaison entre élections et votations se cachent des objectifs stratégiques. Les votes sont conçus pour les partisans du PiS. Il est ainsi demandé si l’on soutient «la vente des biens de l’État à des entreprises étrangères» ou si l’on soutient «l’accueil de milliers d’immigrés illégaux en provenance du Proche-Orient et d’Afrique, exigé par la bureaucratie européenne».
Ce n’est pas la première fois qu’un parti au pouvoir à Varsovie organise ce type de consultation. Mais le précédent de 2015 avait été un gros flop. Le président d’alors, Bronisław Komorowski, avait soumis au vote trois questions à motivation politique, mais moins de 8% des électrices et électeurs s’étaient déplacés. En 2003 par contre, le vote sur l’adhésion à l’Union européenne avait vu une participation de 59%.
- En Pologne, référendum ne rime pas forcément avec démocratie – Bruno Kaufmann
Un(e) polyglotte se disputera avec plus de retenue en italien qu’en suisse allemand, sera plus émotif-ve en français ou préférera résoudre les problèmes en anglais. Elisa Malinverni, auteure et professeure de yoga, vit quotidiennement ce phénomène de résonnance émotionnelle des langues.
«On a une langue propre pour presque chaque facette de sa personnalité», constate Elisa Malinverni, que cette faculté de se vivre différemment dans différentes langues réjouit. «Une langue qui est à l’origine une deuxième langue ou une langue étrangère peut aussi devenir une nouvelle langue de cœur», ajoute le linguiste Jean-Marc Dewaele, d’origine belge.
De nombreuses études menées sur un total de 1500 personnes ont montré que 80% des polyglottes se comportent différemment selon la langue qu’ils ou elles utilisent. Comme Elisa Malinverni, les personnes multilingues peuvent utiliser activement le passage d’une langue à l’autre. Par exemple, il peut être utile de réfléchir à des questions financières dans une deuxième langue, plus rationnelle.
- Plusieurs langues, plusieurs façons d’être – Julia Lüscher, SRF
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