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Les Vert-e-s en conférence de presse

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Chères lectrices, chers lecteurs,

Le réveil a été difficile pour les partis écologistes suisses, au lendemain d’une défaite que les Vert-e-s ont eux-mêmes qualifiée de «gifle». Du côté des gagnants, à l’Union démocratique du centre (UDC), on parle de retour à la normale. Mais c’est bien Le Centre qui pourrait jouer un rôle clé lors de la prochaine législature.

Dans cette sélection spéciale, je vous propose: les principaux résultats, des réactions à droite, à gauche, des spécialistes et de la presse. Mais aussi, des analyses et un focus sur le vote des Suisses de l’étranger.

Bonne lecture,

Les Vert-e-s en conférence de presse
© Keystone / Peter Klaunzer

Tout d’abord, les résultats finaux au Conseil national.

L’UDC a gagné 9 sièges depuis 2019 pour un total de 62, alors que les Vert-e-s et Vert’libéraux en ont perdu respectivement 5 et 6 pour des totaux respectifs de 23 et 10. Le Centre s’est placé juste devant le Parti libéral-radical (PLR) en gagnant un mandat pour un total de 29, le PLR en a perdu 1 pour en garder 28. Le Parti socialiste (PS) a décroché deux sièges supplémentaires pour un total de 41.

Le conseiller national UDC Manfred Bühler a déclaré à la RTS que le résultat de dimanche «est une forme de normalisation», alors que «2019 était une situation particulière». La conseillère aux États verte Céline Vara a, quant à elle, préféré parler de «pertes contenues» tout en soulignant que son parti a réalisé le deuxième meilleur score de son histoire.

Alors que l’UDC et le PLR totalisent 90 sièges sur les 200 du Conseil national, Le Centre, désormais troisième force politique, est appelé à jouer un rôle clé. «Les extrêmes ont pris du poids et c’est d’autant plus important d’avoir une force centriste pour permettre des équilibres et aussi des majorités», a indiqué à la RTS la nouvelle conseillère nationale centriste Isabelle Chappuis.

La politologue Anke Tresch le relève aussi: «Le Centre sera probablement le faiseur de rois dans le prochain parlement. […] Il y aura des coalitions thématiques et le parti pourra choisir si et comment il veut collaborer avec la droite ou la gauche.» Et si le parti a annoncé qu’il ne chercherait pas de deuxième siège au Conseil fédéral comme le prévoit la formule magique, la politologue ajoute: «La question ne se posera sans doute que si l’un des deux sièges du PLR se libère. Je pense que Le Centre passera alors à l’offensive.»

L’UDC a bénéficié d’un fort soutien dans toutes les régions du pays, alors que le PS a plutôt marqué des points en Suisse romande, comme le montrent les cartes et graphiques de la RTS/SRF. Le PLR et les Vert-e-s ont encaissé des pertes sur tout le territoire. Comme souvent, l’électorat urbain a voté plus à gauche, alors que celui des campagnes a préféré la droite.

Le Palais fédéral
© Keystone / Christian Beutler

Mais au-delà des partis, qui sont les personnes qui représenteront le peuple suisse au Parlement lors de la prochaine législature? Quel est leur genre, leur âge, leur emploi?

Plus à droite et moins vert, le Parlement sera aussi moins féminin en 2023-2027. Alors qu’elle a régulièrement augmenté depuis 1971, la part des femmes au Conseil National recule cette année. De 42% au début de la dernière législature, elle passe à 38,5%.

La Chambre basse sera également plus jeune. L’âge moyen des nouveaux élus est de 49,5 ans, contre 51,7 en 2019. La personne élue la plus jeune à 26 ans, la plus âgée 76.

Concernant le CV des élus, une petite moitié du Parlement sera faite de politiciens professionnels (46%), alors que les autres professions phares sont les entrepreneurs (20%), les juristes (16%) et les dirigeants (11%). Et si les scientifiques composaient 12% de la Chambre basse en 2019, ils n’y apparaissent aujourd’hui plus représentés.

Sur les 200 membres du Conseil national, 152 candidats sortants ont été réélus, contre 119 en 2019. Le Parlement s’apprête également à devenir moins urbain, avec environ deux tiers (60%) des élus indiquant vivre en zone urbaine, contre 69,5% il y a quatre ans.

La presse du lundi 23 octobre
Victorien Kissling, RTS

Que disent les principaux médias de Suisse romande des résultats de dimanche? Tour d’horizon.

Concernant la déconfiture des partis écologistes, particulièrement celle des Vert-e-s, plusieurs titres pointent du doigt la stratégie diffuse du parti, qui outre le climat et l’environnement, a aussi misé sur des thèmes de société comme l’écriture inclusive. Le militantisme perturbateur de certains activistes du climat, ou tout simplement la montée d’autres priorités comme le pouvoir d’achat, sont d’autres raisons.

Pour ce qui est des gains de l’UDC, l’explication d’un retour vers une force traditionnelle en temps incertains est avancée. Mais c’est surtout sur les attentes concernant le futur que la presse s’attarde. Plusieurs titres attendent du parti qu’il endosse ses responsabilités pour répondre aux défis sur lesquels il a fait campagne, et qu’il s’active à nouer des alliances au sein du Parlement.

En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, la victoire de l’UDC est comparée à l’avancée des partis nationalistes et populistes ailleurs en Europe. Pour la presse étrangère, le parti de droite conservatrice suisse a su profiter des conflits, crises et incertitudes actuels tout en misant sur l’immigration, son thème de prédilection. S’il n’est pas vu comme un séisme, le résultat de dimanche soulève des inquiétudes concernant la relation Suisse-UE.

Des listes électorales
© Keystone / Martial Trezzini

Et enfin, comment la Cinquième Suisse a-t-elle voté? Réponse: un peu comme la population intérieure, mais pas tout à fait.


Les Suisses de l’étranger ont eux aussi largement moins voté pour les Vert-e-s. Dans les douze cantons qui fournissent des statistiques séparées sur le vote de la diaspora, le parti écologiste perd 5,4 points de part électorale, passant de premier parti en 2019 (23,8% des voix) à troisième en 2023 (18,4%). Et ce, bien que la Cinquième Suisse soit réputée plus verte et plus à gauche.

Selon Martina Mousson de l’institut gfs.bern, le climat a été remplacé par d’autres priorités globales – de la guerre en Ukraine à l’inflation – qui concernent aussi la diaspora. Malgré cela, l’UDC n’a pas connu le même succès auprès de cet électorat.

Le parti de droite conservatrice réalise tout de même une hausse au-delà des frontières, mais plus modérée: de 18% à 18,5% des voix de la diaspora. Assez pour conserver sa place de deuxième force politique chez les Suisses de l’étranger.

Mais c’est le PS qui obtient les gains les plus marqués à l’étranger (+2,8 points, de 17,6% à 20,4% de part électorale). Le principal changement dans le vote des Suisses de l’étranger semble ainsi être un report sur le Parti socialiste des voix qui étaient allées aux Vert-e-s en 2019.

La participation de la Cinquième Suisse est restée faible à 18,7%. 43 Suisses de l’étranger se présentaient pour ces élections fédérales, mais sans surprise, aucune de ces candidatures n’a transformé l’essai.


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