Aujourd’hui en Suisse
Amies lectrices, amis lecteurs, bonjour,
La paisible Suisse n’est ni la France ni les États-Unis. Et pourtant, dans les cinq dernières années, sept personnes y sont tombées sous les balles de la police. À chaque fois se pose la même question: légitime défense ou bavure, geste de trop, perte de maîtrise de soi? La dernière affaire en date, que la justice s’apprête à classer, ne fera pas exception.
Je vous parle également de spécialistes de la politique suisse au Kosovo, de trois toiles de Cézanne vendues très cher, mais à contrecœur et d’un fleuron de l’horlogerie suisse.
Excellent week-end et bonne lecture,
En août 2021, un policier abattait un homme sur un quai de la gare de Morges. Légitime défense ou bavure? Aujourd’hui, le Parquet entend classer l’affaire. La famille de la victime crie au scandale. Le procureur général adjoint vaudois estime qu’on ne peut pénalement rien reprocher à l’agent qui a tiré à trois reprises sur la victime, ni à ses trois collègues policiers qui n’ont tenté de lui porter secours qu’après plusieurs minutes.
La famille de Roger – que tout le monde appelait Nzoy – crie au scandale. À l’époque déjà, elle avait dénoncé un crime raciste contre ce Zurichois à la peau noire. Pour les soutiens de la victime, le policier qui a fait feu doit être jugé pour meurtre. Quant à ses collègues, ils devraient être jugés pour omission de prêter secours.
Que va-t-il se passer à présent? Le procureur pourra tenir compte des demandes de compléments d’enquête ou les écarter. Impossible de savoir ce qu’il fera. Mais, dans la très grande majorité des cas, lorsqu’un procureur songe à classer une affaire, il la classe.
Entre 2018 et 2022, sept personnes ont perdu la vie en Suisse après avoir été atteintes par un tir policier. Ce chiffre a été calculé par le Pôle Enquête de la RTS sur la base des communiqués publiés chaque année par la Conférence des commandantes et commandants des polices cantonales de Suisse.
Les sondages politiques suisses par téléphone, comme ceux de l’Institut gfs.bern, sont souvent réalisés depuis le Kosovo. Visite d’un centre d’appel à Pristina, où on ne cherche pas à vous vendre quoi que ce soit ni à vous faire changer de caisse maladie, et où on en sait beaucoup sur la Suisse.
Les instituts de sondage ne sont pas les seuls. D’autres entreprises suisses ont aussi leurs centres d’appel dans la capitale kosovare, notamment les grands opérateurs de téléphonie mobile. On trouve beaucoup de germanophones dans le plus jeune État d’Europe et les salaires et les coûts sont bas – du moins selon les standards suisses, parce que pour les Kosovars, c’est un job plutôt bien payé.
Un accent particulier est mis sur la protection des données et les employés doivent se former aux thèmes sur lesquels ils posent des questions. De quoi donner à ces jeunes gens des idées sur la biodiversité, la pollution lumineuse ou la démocratie, et également de leur faire sentir, comme le dit une opératrice, «à quel point les Suisses aiment leur pays».
- Un centre d’appels prend le pouls de la Suisse depuis le Kosovo – Benjamin von Wyl et Vera Leysinger
Trois tableaux de Cézanne appartenant au musée Langmatt de Baden (Argovie) ont été vendus aux enchères à New York pour 44,8 millions de dollars. Le produit de cette vente «permet de sauver le musée», a indiqué ce dernier, qui a dû se résoudre au choix «douloureux» de se défaire de pièces de sa collection, ce qui ne se fait pas dans le milieu.
Le musée Langmatt possède de nombreuses œuvres d’impressionnistes français: Paul Cézanne, Claude Monnet, Camille Pissarro, Edgar Degas, Pierre-Auguste Renoir et Paul Gauguin. Les toiles sont exposées à la Langmatt, une ancienne villa construite vers 1900 par un des fondateurs de la société Brown Boveri, devenue ABB. Le produit de la vente doit permettre d’augmenter le capital de la fondation du musée, qui va pouvoir apporter sa contribution à la rénovation complète des lieux.
Les trois tableaux vendus sont «Fruits et pot de gingembre», «Quatre pommes et un couteau» et «La mer à l’Estaque». Ils sont partis pour respectivement 33,5 millions, 8,7 millions et 2,6 millions de dollars. Classé dans les post-impressionnistes Paul Cézanne, mort en 1906, est considéré comme un des pères du cubisme.
C’est une des dix premières marques horlogères suisses. Rencontre avec Matthias Breschan, patron de Longines, qui a réalisé en 2022 des ventes pour plus de 1,2 milliard de francs. À la tête de la marque depuis deux ans, il s’efforce d’en «perpétuer le succès, tout en la faisant évoluer de manière respectueuse du passé».
Malgré les nouvelles habitudes prises pendant la pandémie, Longines ne réalise toujours que 5 à 10% de son chiffre d’affaires en ligne. Matthias Breschan n’est pas contre les ventes sur internet, mais reste persuadé que l’achat d’une montre haut de gamme demeure «un acte profondément émotionnel, que l’on préfère finaliser en boutique». Les 4000 points de vente de la marque dans le monde ont donc encore de l’avenir.
Fondée en 1832 à Saint-Imier, dans le Jura bernois, Longines y tient un musée, qui accueillerait beaucoup plus de visiteurs s’il se trouvait à Zurich ou à Genève. «Mais c’est précisément ce que nous ne voulons pas!», rétorque Matthias Breschan. L’entreprise souhaite au contraire que les amoureuses et les amoureux de la marque se déplacent à Saint-Imier pour ressentir la forte tradition horlogère de la région.
- «L’achat d’une montre demeure un acte profondément émotionnel» – l’interview de Matthias Breschan, par Philippe Monnier
- Point Fort SWI – Les horlogers suisses survivront-ils au 21e siècle?
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