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Cassis

Aujourd’hui en Suisse

Suisses du monde, bonjour,

L’actualité nous livre aujourd’hui deux exemples de déconvenues essuyées par la diplomatie suisse, sur les deux terrains les plus chauds du moment: dans le dossier ukrainien, le ministre des Affaires étrangères commence à douter de sa capacité à organiser prochainement en Suisse une conférence pour la paix; tandis qu’au Proche-Orient, on apprend - par la presse - que l’agence de développement helvétique s’est vue refuser l’accès aux opérations humanitaires à Gaza.

La prospérité du crime organisé en Suisse et une rencontre avec un fringuant scientifique centenaire complètent cette sélection.

Excellente lecture et bon week-end,

Cassis
Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis. KEYSTONE

Le chef de la diplomatie suisse Ignazio Cassis n’exclut pas de repousser la conférence pour la paix en Ukraine, qu’il voulait initialement organiser d’ici l’été. Le soutien de certains pays en développement serait compliqué à obtenir en l’absence de celui de la Russie.

Le ministre des Affaires étrangères s’est exprimé à ce propos jeudi, alors qu’il achevait au Kenya une tournée en Afrique de l’Est. Ignazio Cassis l’a reconnu devant la presse: il a beau multiplier les voyages diplomatiques, mobiliser pour cette conférence n’est pas facile. Ni concilier les positions des deux camps.

«On voyage comme des fous depuis la mi-janvier, (…) pour voir qui est disposé à bouger et comment», a déclaré le ministre à la RTS. «Tous (les pays) se regardent entre eux, ils se mesurent. Ce qui est important pour nous, c’est que tous reconnaissent à la Suisse la légitimité de cette démarche (…). Mais ils ne savent pas dire quelle est la bonne voie, c’est toute la difficulté de la tâche.»

Berne se laisse donc le temps de la réflexion. Ignazio Cassis a indiqué à la RTS être actuellement dans une phase «exploratoire». «D’ici la mi-avril, nous allons décider ce que nous allons faire. Est-ce qu’on fait cette conférence? Est-ce qu’on (la) repousse? Est-ce qu’on en fait deux pour avoir les deux raisonnements qui puissent avancer en même temps?»

  • Le sujet de la RTSLien externe
  • Ignazio Cassis tire «des enseignements importants» de son voyage en Afrique – RTSLien externe
  • La Suisse peine à organiser une conférence sur la paix en Ukraine (24 février) – Le TempsLien externe (sur abonnement)
  • À Davos, l’Ukraine et la Suisse exhortent les pays à soutenir le plan de paix – swissinfo.ch
Patricia Danzi
La directrice de la DDC Patricia Danzi. KEYSTONE

Israël a refusé l’accès à Gaza à la directrice de la Direction du développement et de la coopération (DDC) Patricia Danzi début février, révèle Le Temps vendredi. Berne a préféré ne pas communiquer publiquement sur cet épisode.

Patricia Danzi s’est rendue au point de passage de Rafah dans le cadre d’un voyage pour jauger la situation humanitaire. Mais elle n’a «pas pu entrer dans la bande de Gaza, faute d’autorisation de la part des autorités israéliennes pour des raisons sécuritaires», a confirmé le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) au journal.

«Ce voyage a été préparé très à l’avance», précise le responsable de la communication du DFAE, Nicolas Bideau. Nous savions que ce serait délicat et nous voulions rester en dehors de la pression médiatique. Mais il faut aussi reconnaître que le danger sécuritaire était crédible.» Interpellée, l’ambassade d’Israël à Berne n’a quant à elle pas réagi.

Certaines voix estiment que la Suisse aurait dû réagir officiellement, voire s’indigner. En début de semaine, Philippe Lazzarini, patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a publiquement annoncé avoir subi la même mésaventure. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a alors déclaré vouloir que «M. Lazzarini puisse accéder aux zones où l’UNRWA opère».

  • La directrice de la DDC Patricia Danzi interdite d’entrée à Gaza – Le TempsLien externe (sur abonnement)
  • Les allégations visant la mission de l’UNRWA à Gaza en question – swissinfo.ch
  • La contribution suisse à l’UNRWA reste suspendue – RTSLien externe
  • Patricia Danzi, l’ancienne athlète olympique qui dirige l’agence suisse de développement – SRF
Nicoletta della Valle
Nicoletta della Valle, directrice de la police fédérale (fedpol) KEYSTONE/©KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

«La criminalité organisée se sent très bien en Suisse, car c’est un pays riche et paisible»: ces mots sont ceux de Nicoletta della Valle, directrice de la police fédérale (Fedpol), qui était l’invitée vendredi de la Matinale de la RTS.

Elle a expliqué que la Suisse était une base opérationnelle, et pas seulement un endroit de repli pour les mafias. «Il y a non seulement la traite des stupéfiants, mais aussi la production de stupéfiants en Suisse, sans parler de l’exportation de stupéfiants de la Suisse vers l’étranger», a détaillé la directrice de l’Office fédéral de la police.

La plus grande partie de la criminalité organisée en Suisse s’infiltre dans des secteurs économiques légaux. «En vous rendant dans un studio de manucure, vous aidez peut-être la criminalité organisée à blanchir de l’argent et vous soutenez la traite d’êtres humains», a-t-elle illustré, tout en précisant que cela ne veut pas dire que «tous les studios de manucure et tous les barbiers sont infiltrés».

Selon Nicoletta della Valle, la Suisse a «trop longtemps cru qu’elle était une île». Il y a encore 20 ans, on refusait de croire que la mafia se trouvait en Suisse. La criminalité organisée «n’est pas assez menacée, mais on a commencé à la perturber», a-t-elle ajouté, soulignant l’importance de la coopération entre les autorités fédérales et cantonales.

  • L’interview de Nicoletta della Valle à la RTSLien externe
  • La Suisse, carrefour insoupçonné du trafic international de cocaïne – swissinfo.ch
  • Le crack déferle sur les villes suisses et provoque un choc – Revue Suisse
  • De la Calabre à Lausanne, comment la ‘ndrangheta déploie ses tentacules (septembre 2021) – swissinfo.ch
  • Les mafias en Suisse: un problème sous-estimé et peu sanctionné (août 2020) – swissinfo.ch

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Discussion
Modéré par: Giannis Mavris

Quelle réputation a la Suisse dans votre pays de résidence?

Beaucoup de Suisses pensent que leur pays est apprécié dans le monde. Est-ce vrai, et pourquoi?

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Schopper and Thatcher
Herwig Schopper photographié à droite de la Première ministre britannique Margaret Thatcher lors de sa visite au CERN en 1982. KEYSTONE

Il vient d’avoir 100 ans, a rencontré certaines des personnes les plus puissantes du monde et a accumulé d’innombrables anecdotes en ce siècle d’existence: l’ancien directeur du CERN, Herwig Schopper, en a partagé quelques-unes avec mon collègue Zeno Zoccatelli.

Herwig Schopper a dirigé le CERN de 1981 à 1988, période au cours de laquelle il a profondément réformé ce fleuron de la recherche. C’est sous sa direction que l’un des projets scientifiques les plus ambitieux a vu le jour: la construction du tunnel souterrain de 27 kilomètres qui devait abriter le Grand collisionneur électron-positron (LEP) et où se trouve aujourd’hui le Grand collisionneur de hadrons (LHC).

Après le CERN, il a continué à travailler dans la diplomatie scientifique. Sa première initiative s’est concrétisée en Jordanie en 2017 avec l’inauguration du laboratoire SESAME, dont sont notamment membres l’Iran, Israël et l’Autorité palestinienne. Herwig Schopper affirme que c’est la seule organisation où il a pu voir des représentants de ces territoires s’asseoir à la même table pour discuter pacifiquement.

Malgré son âge très avancé, Herwig Schopper a encore des projets et un agenda de ministre. Et l’amour de la science allume toujours une petite flamme dans ses yeux.

  • Herwig Schopper, un siècle au service de la science et de la paix – swissinfo.ch
  • Vers un accélérateur de particules géant au CERN – swissinfo.ch
  • Visite sur le site du Futur collisionneur circulaire – swissinfo.ch
  • Le grand collisionneur de hadrons souffle ses 10 bougies (2018) – swissinfo.ch

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