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Conférence de presse

Aujourd’hui en Suisse

Chères lectrices, chers lecteurs,

La Suisse est une plaque tournante du trafic d’art et des antiquités ayant quitté illégalement leur pays d’origine s’y retrouvent régulièrement. Vendredi, la Confédération a restitué pour la cinquième fois des biens culturels à l’Irak.

Je vous parle aussi de la diplomatie du désarmement qui, alors que la Russie brandit la menace nucléaire en Ukraine, est pratiquement à l’arrêt à Genève. Le sort des djihadistes suisses détenus sans jugement en Syrie et les inégalités du partage des tâches dans le couple complètent cette sélection du jour.

Bonne lecture,

Conférence de presse
KEYSTONE/© KEYSTONE / ANTHONY ANEX

La Suisse a restitué trois biens culturels archéologiques d’importance à l’Irak. Le vice-Premier ministre de ce pays était à Berne vendredi pour entériner leur transfert.

Une statue et deux reliefs mésopotamiens sont concernés. Ceux-ci avaient quitté l’Irak illégalement puis avaient été confisqués en Suisse, dans le cadre d’une procédure pénale à l’encontre d’un marchand d’art genevois. Une ordonnance prévoit qu’ils doivent être rendus à leur pays d’origine. Ces objets figurent dans les catégories de biens culturels irakiens les plus fortement menacés.

Pour marquer l’occasion, le vice-Premier ministre irakien, Fouad Hussein, s’est rendu dans la capitale suisse, où il a été reçu par la ministre de la Culture helvétique, Elisabeth Baume-Schneider. Il s’agit de la cinquième restitution d’objets à l’Irak par la Suisse depuis 2005, et de loin la plus importante, selon Berne.

La Confédération a restitué plus de 6000 biens à plusieurs pays au cours des 20 dernières années. «En Suisse, il y a beaucoup de collectionneurs donc il y a un assez grand trafic, légal, de biens culturels», explique à la RTS Fabienne Baraga, spécialiste des transferts internationaux des biens culturels à la Confédération. «Mais cela signifie qu’il y a aussi un trafic illégal et, dans ces cas, les biens culturels sont confisqués et retournés à leur pays d’origine».

Palais des Nations
KEYSTONE

Alors que la Russie lançait en début de semaine des exercices nucléaires à proximité de l’Ukraine, la Conférence du désarmement se réunissait au Palais des Nations. Ma collègue Rachel Barbara Häubi s’est intéressée aux efforts déployés depuis Genève pour lutter contre la menace nucléaire dans le monde.

La Conférence du désarmement, un organe semi-onusien dans lequel se rencontrent notamment les neuf puissances nucléaires, n’a plus produit de résultat tangible depuis une trentaine d’années. C’est pourtant en son sein que fut négocié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en 1996.

«Les puissances nucléaires bloquent toute avancée en abusant de la règle du consensus, qu’elles appliquent comme droit de veto», affirme Marc Finaud, expert et lui-même ancien diplomate auprès de l’instance. Une diplomatie à l’arrêt et un constat inquiétant alors même que «nous n’avons jamais été aussi proches d’une guerre nucléaire».

C’est donc en dehors de la «CD» que les dernières avancées en matière de désarmement ont eu lieu. Le traité sur l’interdiction des armes nucléaire, en vigueur depuis 2021 après avoir été initié par une coalition d’ONG (ICAN, également basée à Genève) en est le dernier exemple. Problème, aucune des puissances nucléaires ne l’a signé. Et la Suisse non plus, malgré son un rôle clé lors des négociations. Un refus que certains voient comme le résultat de pressions de l’OTAN.

Un homme en prison
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L’émission Temps Présent de la RTS a enquêté sur le sort de plusieurs djihadistes suisses, désormais détenus dans des prisons du nord-est syrien. Une rapporteuse spéciale de l’ONU dénonce leur détention sans jugement et le rôle de la Suisse.

Six ans après la chute de l’État islamique, quelque 70’000 djihadistes et leur famille – dont des ressortissants suisses – sont détenus dans des prisons que contrôlent les Kurdes de Syrie. Les conditions y sont plus que précaires, avec notamment une épidémie de tuberculose.

Alors que la communauté internationale refuse de juger et rapatrier ces personnes, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la lutte antiterroriste, Fionnuala Ni Aolain, dénonce leur détention arbitraire. Particulièrement dans des conditions qui, si elles sont délibérées, pourraient impliquer des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, estime-t-elle.

Les autorités kurdes, sous pression en raison des attaques des armées syriennes et turques à leur encontre, se disent impuissantes face à la situation. Les États, dont la Suisse, «ont l’obligation de ramener ces hommes chez eux. L’idée qu’ils pourraient dépérir et mourir et que cela résoudrait le problème est fondamentalement incompatible avec le droit international», ajoute Fionnuala Ni Aolain.

Les autorités suisses indiquent que la politique du Conseil fédéral est de refuser de procéder au rapatriement des adultes, mères comprises. Concernant les conditions de détention, elles déclarent qu’elles n’étaient pas au courant.

mère au foyer
KEYSTONE

En Suisse, les hommes s’impliquent de plus en plus dans les tâches du foyer. Mais lorsqu’un premier enfant arrive, les inégalités dans le couple se creusent. Ma collègue Pauline Turuban s’est plongée dans les statistiques pour décrypter ce phénomène.

Les hommes de Suisse consacrent en moyenne 2h45 par jour aux diverses tâches domestiques, soit 1h15 de moins que les femmes, tous ménages confondus. C’est plus que par le passé (trois heures supplémentaires par semaine sur les 20 dernières années). Et c’est plus que dans bon nombre de pays, même si les Suisses font moins bien que les Norvégiens ou les Suédois.

Mais pour les couples, la naissance du premier bébé est un moment de bascule. «Avant, les tâches sont plus ou moins partagées, mais elles se déséquilibrent et se polarisent véritablement après», confirme Jean-Marie Le Goff de l’Université de Lausanne. Ainsi, la charge de travail grimpe à près de 6h30 par jour pour les mères, contre un peu moins de 4 heures pour les pères.

Des personnes profitent du soleil et du beau temps en marchant sur les quais d'Ouchy au bord du Leman lors du week-end de l'Ascension le samedi 11 mai 2024 a Lausanne
Keystone/Jean-Christophe Bott

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L’objectif: obtenir une image aussi précise que possible de l’état d’esprit actuel des habitantes et des habitants du pays, ainsi que des Suissesses et des Suisses de l’étranger.

Ce sondage est réalisé en collaboration avec l’institut de recherche gfs.bern, sur mandat de la SSR. Votre participation (en quelques questions) est anonyme et vos réponses seront traitées de manière confidentielle.

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