Aujourd’hui en Suisse
Helvètes du monde, bonjour,
Trois non et un oui. Aucun retournement de situation ne sera donc venu chambouler ce dimanche de votations.
Les deux initiatives pour limiter les dépenses de santé ont été tenues en échec, de même que celle sur l‘intégrité physique, menée par les opposantes et opposants à la vaccination obligatoire. En revanche, la loi sur l’électricité a reçu un accueil très favorable au sein de la population, malgré la crainte d’une perte de démocratie relayée par le camp de l’opposition.
Bonne lecture,
Les deux initiatives pour limiter les dépenses de santé ont été refusées par le peuple suisse. Tous les camps s’accordent néanmoins sur la nécessité d’agir et le PS annonce déjà vouloir relancer le débat sur la caisse unique.
Aucune des deux initiatives du Parti socialiste (PS) et du Centre n’est parvenue à convaincre la majorité de l’électorat dimanche en votation. Le PS voulait alléger la facture de santé des ménages en accordant des subsides à ceux dont les primes d’assurance maladie représentent plus de 10% du revenu disponible. Le Centre réclamait l’introduction d’un mécanisme de frein aux coûts de la santé, que la Confédération devrait enclencher dès que l’augmentation des dépenses de santé excède de 20% celle des salaires sur un an.
L’initiative socialiste, tout comme celle du Centre, ont été rejetées par une majorité de cantons. On observe toutefois un «Röstigraben» très net, c’est-à-dire un clivage entre le soutien de la Suisse latine (où les primes maladie pèsent en général plus sur le revenu des ménages) et le rejet clair de la Suisse alémanique.
Malgré l’échec des deux textes dans les urnes ce dimanche, une grande partie de la population et de la classe politique s’accorde sur la nécessité d’agir face à l’augmentation constante des coûts de la santé. Ainsi, la vice-présidente de l’UDC Céline Amaudruz a-t-elle appelé à se mettre au travail pour trouver des solutions concertées. Les deux contre-projets indirects élaborés par le Conseil fédéral et le Parlement entreront en vigueur à la place des initiatives.
- La carte et l’analyse des résultats sur les initiatives santé
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- Le dossier complet sur les votations du 9 juin
Dimanche, la Suisse entière s’est parée de vert – la couleur du «oui» – en soutien à la loi sur l’électricité. Un résultat sans surprise, puisque cette dernière faisait l’objet d’un grand consensus depuis son lancement.
Les Suisses acceptent à plus de 65% la vaste réforme qui vise à renforcer le développement des énergies renouvelables à l’intérieur du pays et assurer l’approvisionnement en électricité. La fondation Franz Weber, principale opposante à la réforme, entend désormais veiller à ce que les promesses faites durant la campagne soient tenues.
Si tous les cantons ont dit «oui», les résultats par commune font montre de disparités. Celles qui pourraient être concernées par des projets éoliens ont fortement voté «non». Pour Kevin Grangier, président de l’UDC Vaud, «c’est la preuve que ces populations craignent de ne plus avoir leur mot à dire» après l’acceptation de cette initiative.
De nombreuses voix plaident désormais pour que la transition énergétique passe principalement par le développement de l’énergie solaire sur les toits, les façades et les parkings existants, afin de limiter l’impact du développement des énergies renouvelables sur la nature. «Il faut d’abord s’occuper du rehaussement des barrages et de placer des panneaux solaires sur les bâtiments», déclare ainsi Isabelle Chassot, conseillère aux États centriste du canton de Fribourg.
- La carte et l’analyse des résultats sur la loi sur l’électricité
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- Le dossier complet sur les votations du 9 juin
L’initiative populaire fédérale «Pour la liberté et l’intégrité physique» a été balayée par le peuple dimanche. Les Suisses votaient pour la quatrième fois sur un thème en lien avec la pandémie de Covid-19.
Le Mouvement suisse pour la liberté (MSL), un groupement de citoyens et citoyennes essentiellement alémaniques, avait lancé son texte à l’automne 2020, pendant la pandémie de Covid-19. Il exigeait que chacun ait la liberté de déterminer lui-même ce qui doit être injecté ou implanté dans son corps. S’il ne citait pas nommément la vaccination, c’était bien elle qui était visée.
L’intégrité physique, exigence principale de l’initiative, est toutefois déjà inscrite dans la Constitution en tant que droit fondamental. Personne ne peut être vacciné sans son consentement en Suisse. Le net rejet de l’initiative anti-vaccin prouve qu’elle ne s’attaquait pas à un vrai problème, a réagi la Conférence des directeurs cantonaux de la santé.
De leur côté, les anti-vaccins refusent de jeter l’éponge. «Nous envisageons de lancer l’initiative une nouvelle fois», a déclaré l’initiateur du texte Richard Koller à Keystone-ATS. Ce rejet massif de l’initiative représente un plébiscite en faveur de la politique sanitaire des autorités pendant la pandémie.
- La carte et l’analyse des résultats sur le vote pour l’intégrité physique
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Le peuple a une nouvelle fois refusé deux initiatives qui proposaient des solutions, alors que, année après année, le système de santé suisse pèse plus lourd sur les ménages suisses. Pour quelles raisons et comment continuer?
Ce dimanche, le peuple suisse a confirmé son attachement à un système de santé qui repose en grande partie sur les ménages et des primes réparties de manière égale entre les individus. En outre, la complexité et le manque de clarté des deux initiatives dans leur mise en œuvre n’ont pas aidé à convaincre.
La vague sur laquelle la gauche pensait surfer grâce à l’acceptation de la 13e rente AVS s’est retournée contre elle. Car la logique qui veut que quelqu’un paie le coût de la réforme a frappé les consciences au moment même du lancement de la campagne. Ainsi, l’argument selon lequel l’initiative sur la limitation des primes pouvait engendrer des coûts jusqu’à deux fois plus élevés que ceux de la 13e rente AVS a fait mouche.
Malgré le «non» aux deux initiatives sur les dépenses de santé, le cri de douleur lancé dans les urnes par la Suisse romande et le Tessin, deux régions minoritaires où la population paie les primes maladie les plus élevées du pays, devra être entendu. Le net refus de dimanche n’a donc pas mis fin à la discussion, mais l’a au contraire relancée.
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