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«Hilda», nouveau Pygmalion à Lausanne

Affiche du spectacle. http://www.vidy.ch/

Au Théâtre de Vidy-Lausanne, Marc Liebens crée une pièce sur la servitude brillamment écrite par la romancière Marie NDiaye. Le texte est, hélas, mal servi par les acteurs.

Une bonne pièce a un pouls qui bat au rythme des passions que vivent les personnages. Lorsque sur scène ce rythme s’aplanit, l’ennui guette le public. On était donc entré dans la petite salle de Vidy avec la curiosité de voir quel tempo le metteur en scène belge Marc Liebens allait donner à «Hilda».

Cette première pièce de la Sénégalaise Marie NDiaye est scandée comme un morceau de musique, avec ses crescendos et decrescendos. Elle conte la double histoire d’une possession et dépossession. Franck Meyer (Nicolas Rossier), menuisier, loue les services de sa femme Hilda à une bourgeoise, Mme Lemarchand (Valérie Bauchau).

Un acte qui lui coûte cher: l’homme perd son épouse au fur et à mesure que la patronne s’approprie celle-ci. On ne verra jamais Hilda, domestique absente dont la figure fait penser aux «Bonnes» de Jean Genet, que Marie NDiaye prend intelligemment à contre-pied en faisant de la patronne l’esclave de Hilda.

Mme Lemarchand façonne à son image sa servante se donnant ainsi la possibilité de haïr son état de bourgeoise. Outre une réflexion sur la servitude, le texte propose également une nouvelle version du thème de Pygmalion souvent traité au théâtre.

Or ni l’un ni l’autre aspect du texte ne ressortent dans le spectacle qui laisse, hélas, une impression accablante.

Accablement face à une partition dont la prosodie s’englue dans la voix inaccentuée de Valérie Bauchau. L’actrice belge joue sur une même note les sentiments contradictoires qui l’habitent (haine de soi et amour subversif de la bonne).

Accablement aussi face à l’affrontement de Mme Lemarchand et de Franck, négocié comme un match de boxe où deux concourants, placés sur une scène qui tient du ring, ratent leur attaque et leur défense. Ne manque à leur interprétation imprécise que les sifflets d’un arbitre que Marc Liebens n’a pas su être.

Ghania Adamo

«Hilda». Lausanne, Théâtre de Vidy; jusqu’au 11 mars. Tel. 021/619 45 45

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