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Lavaux inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco

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Le vignoble en terrasses dominant la partie orientale du Lac Léman a été inscrit jeudi au patrimoine mondial par le Comité de l'Unesco réuni en Nouvelle-Zélande.

Un peu plus tôt, il avait accepté l’agrandissement de moitié du site Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn, déjà listé parmi les trésors de l’humanité.

Les cloches des églises de Lavaux ont annoncé la bonne nouvelle jeudi peu avant midi. La décision est tombée avec environ deux heures de retard à Christchurch en Nouvelle-Zélande. Le Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco devait examiner une quarantaine de candidatures. Celle de Lavaux a fait l’unanimité et a obtenu les félicitations du Comité.

«C’est magnifique», a déclaré Florence Siegrist, préfet du district de Lavaux, devant la presse réunie au domaine de Montagny, sur la commune de Lutry, avec Jean-Frédéric Jauslin, directeur de l’Office fédéral de la culture, François Marthaler, ministre cantonal vaudois des infrastructures et les membres du comité de l’Association pour l’inscription de Lavaux au Patrimoine mondial.

D’autant plus magnifique qu’il s’agit du premier site de Suisse romande à se voir inscrit au Patrimoine de l’Unesco.

Paysage modelé par l’homme

Faisant face au lac et à un paysage alpin que les poètes ont chanté depuis des siècles, le vignoble en terrasses de Lavaux représente 898 hectares, dont 574 de vignes. La région est divisée en 14 communes et six aires de production de vins au bénéfice d’une AOC, soit Lutry, Villette, Saint-Saphorin, Epesses, Dézaley et Chardonne.

Les pentes de Lavaux qui descendent vers le Léman varient entre 13 et 43%. La mise en vigne de la zone la plus raide, celle du Dézaley, remonte à la seconde moitié du XIIe siècle, grâce aux efforts des moines cisterciens. L’ensemble est devenu un paysage ‘culturel’, façonné par des générations de vignerons.

Un ouvrage richement illustré sur la candidature de Lavaux sortira cet automne et une grande fête populaire aura lieu dans la région le samedi 22 septembre pour célébrer l’événement.

La joie de Franz Weber

«C’est une consécration extraordinaire, après 35 ans de lutte», a dit l’écologiste Franz Weber, ardent défenseur de Lavaux, sur les ondes de la Radio Suisse Romande. Et de rappeler que «si tout était construit, on n’aurait jamais pu présenter le site au Patrimoine mondial».

Au début des années 70, l’appétit des promoteurs immobiliers menace Lavaux. Alerté par des vignerons qui craignent de voir pousser des haies d’immeubles au milieu de leurs domaines, Franz Weber lance en 1973 une initiative populaire pour inscrire la protection du site dans la constitution cantonale.

Le gouvernement vaudois de l’époque admet mal qu’un écologiste, qualifié dédaigneusement de «Parisien de Bâle», vienne lui donner des leçons. Il combat donc fortement l’idée de ‘Sauver Lavaux’. Mais les citoyens ne l’entendent pas de cette oreille. En 1977, ils sont près de 57% à accepter l’initiative.

Vingt ans plus tard, la constitution vaudoise est en révision. Il est alors question d’en sortir Lavaux, pour inscrire une liste des sites protégés au niveau de la loi uniquement.

Franz Weber repart alors en guerre et en 2005, son initiative ‘Sauvez Lavaux 2’ est littéralement plébiscitée: plus de 80% de oui, et même 100% en ville de Lausanne ! Du jamais vu.

La protection du vignoble est donc à nouveau inscrite dans la constitution vaudoise. Une protection désormais renforcé par le statut de Patrimoine mondial. Les biens qui y sont inscrits s’engagent en effet à respecter tout un programme de mesures de gestion et de suivi pour en assurer la pérennité.

Un plus pour la région d’Aletsch

Et les habitants de Lavaux ne sont pas les seuls à se réjouir des décisions prises à Christchurch. Le Comité du Patrimoine mondial a également décidé d’une extension du périmètre classé de la région Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn.

«Le périmètre a été étendu de plus de 50%, explique à swissinfo Bruno Walder, de l’Office fédéral de l’environnement, présent en Nouvelle-Zélande. Pour obtenir cela, nous avons dû présenter un plan de management, qui implique la population et les communes concernées».

Et d’ajouter que le site va devoir se trouver un nouveau nom, qui sera dévoilé l’année prochaine.

swissinfo et les agences

Les six sites suisses déjà inscrits au Patrimoine mondial:
– Vieille ville de Berne
– Couvent de St-Gall
– Châteux de Bellinzone
– Monastère de Mustair
– Région Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn
– Monte San Giorgio

Lavaux est un district du canton de Vaud, sur la rive nord est du Lac Léman, entre Lausanne et Vevey.

C’est une des régions viticoles les plus fameuses de Suisse, avec ses vignes en terrasses, construites principalement par des moines il y a 800 ans.

Lavaux bénéficie d’un climat tempéré, que ses pentes orientées au sud et ses vieux murs de pierre rendent parfois méditérranéen. On y cultive principalement du Chasselas.

A cheval sur les cantons de Berne et du Valais, cette région de montagne inclut le plus grand glacier d’Europe et d’Asie.

On y rencontre une très vaste diversité d’écosystèmes et le site est connu tant pour sa beauté que pour les enseignements qu’on peut en tirer sur la formation des Alpes et – plus récemment – également sur le réchauffement qui fait fondre les glaciers.

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