Décès de l’ex-président turc Süleyman Demirel à 90 ans
(Keystone-ATS) L’ancien président et Premier ministre turc Süleyman Demirel est mort mercredi à l’âge de 90 ans dans un hôpital d’Ankara, a rapporté l’agence de presse officielle Anatolie. Il est décédé des suites d’une grave infection respiratoire.
Süleyman Demirel a gouverné la Turquie pendant plus de onze ans et a été à la tête de sept gouvernements, à partir de 1965. Il s’agit de la deuxième plus longue carrière de Premier ministre depuis 1945, derrière celle de l’actuel président et ancien chef de l’exécutif, Recep Tayyip Erdogan. Il a ensuite exercé les fonctions de chef de l’Etat de 1993 à 2000.
Dans une déclaration publiée par ses services, le président islamo-conservateur turc a salué la personnalité et la longévité de son prédécesseur. « Süleyman Demirel, qui a contribué au développement de ce pays, a laissé une trace profonde dans l’histoire politique de la Turquie et restera parmi les hommes politiques et les hommes d’Etat les plus importants du pays », a écrit M. Erdogan.
Sens de l’adaptation
Comme le chef de l’Etat, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a présenté ses condoléances à la famille de M. Demirel, à « ses admirateurs » et au « peuple turc ». « J’ai appris avec tristesse la mort de notre 9e président Süleyman Demirel, qui a laissé sa marque sur la politique turque », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Né en 1924, M. Demirel commencé sa carrière politique après le premier coup d’Etat militaire en 1960.
Conservateur modéré mais surtout pragmatique, il doit l’exceptionnelle longévité de sa carrière à un sens inné de l’adaptation qui l’a vu s’allier aux islamistes, à l’extrême droite ou aux sociaux-démocrates, dans une période rythmée par les crises économiques, les interventions des militaires et les violences de rues.
Orateur reconnu
Deux de ses mandats à la tête du gouvernement ont été interrompus par des putschs militaires, d’abord en 1971 puis en 1980, où il a même été interdit d’activité politique. Mais à chaque fois il est parvenu à rebondir et à retourner aux affaires.
« C’est vrai, j’ai dû quitter le pouvoir six fois », répondra-t-il un jour à la question d’un journaliste, « mais j’y suis revenu sept fois ». L’une de ses expressions favorites résume parfaitement l’homme et son parcours politique: « hier était hier, aujourd’hui est aujourd’hui ».
Loué pour ses talents d’orateur, celui que ses partisans surnommaient « Baba » (papa en turc) s’est officiellement retiré de la vie politique après la fin de son mandat présidentiel en 2000. Il continuait cependant à dispenser ses conseils à la classe politique.