Décès du philosophe et helléniste français Jean Bollack
(Keystone-ATS) Le philosophe, philologue et helléniste français Jean Bollack est mort mardi à l’âge de 89 ans, ont annoncé mercredi les PUF, éditeur de plusieurs de ses ouvrages. Cet intellectuel majeur a fondé une école de rayonnement international à Lille, dans le nord de la France.
Né le 15 mars 1923 dans une famille juive alsacienne, Jean Bollack a été formé à Bâle pendant la Seconde Guerre mondiale et initié par Peter von der Mühll à la philologie grecque (étude d’une langue, d’une civilisation, par l’analyse de ses textes).
En 1945, il choisit de s’installer à Paris où il se forme aux lettres classiques, à la philosophie, l’allemand, l’histoire et l’archéologie. Agrégé de grammaire, il a été professeur de littérature et de pensée grecques à l’Université de Lille de 1958 à 1992.
Il crée dans cette ville sa propre école de philologie et d’herméneutique, et y prodigue un enseignement dont le rayonnement est international, formant des chercheurs comme Heinz Wismann, Pierre Judet de la Combe ou André Laks. De 1968 à 1975 il a aussi enseigné à l’Ecole normale supérieure à l’initiative de Pierre Bourdieu et de Jacques Derrida.
Les Présocratiques
Par ses oeuvres et son enseignement, Jean Bollack a introduit en France l’étude des philosophes présocratiques, notamment grâce à son « Empédocle » en quatre volumes (1965-1969) puis son « Oedipe roi, de Sophocle » (1990), traduit plus tard en allemand par lui-même. En 1995, il en a tiré un ouvrage intitulé « La naissance d’Oedipe », publié dans la collection Tel de Gallimard
Il a mené de nombreuses autres études dont celles consacrées à Antigone, aux Bacchantes ou à Euripide. Il a notamment publié aux PUF « la mort d’Antigone » (1999), « Poésie contre poésie – Celan et la littérature » (2001) et « L’écrit une poétique dans l’oeuvre de Paul Celan » (2003).
Ses contacts avec le théâtre, en particulier avec Ariane Mnouchkine, la danse, la sociologie et la psychanalyse, son amitié avec des poètes ont aussi modernisé l’approche philologique.