
René Fasel, roi du palet

Le Fribourgeois est à la tête de la Fédération Internationale de Hockey sur Glace (IIHF) depuis 1994. En Suède, il vit ses huitièmes Mondiaux en tant que président.
«Napoléon»! Ce surnom lui colle à la peau. Jeune arbitre, il avait longuement regardé une bagarre générale avec une moue dédaigneuse et hautaine avant de sévir.
«Comme Napoléon sur sa colline admirait le combat», avait alors écrit l’inspecteur des arbitres dans un rapport. Il y a trente ans exactement.
Depuis, René Fasel a parcouru bien du chemin. De la commission des arbitres suisses à la présidence de la Ligue suisse de hockey sur glace. Sans oublier un parcours politique qui l’a emmené jusqu’au Grand Conseil fribourgeois.
En 1994, il accède à la présidence de l’IIHF. Et devient membre permanent du Comité international olympique (CIO) l’année suivante.
swissinfo: René Fasel comment vivez-vous ces 66e Mondiaux depuis votre «quartier général» de Göteborg?
René Fasel: Sereinement. Il y a comme d’habitude une multitude de détails à régler au jour le jour et des séances à enchaîner sans répit. Mais les Championnats du monde représentent la fête annuelle des amoureux du hockey. C’est le meilleur moyen de célébrer ce sport.
Malgré le fait que je sois le «chairman» du site de Göteborg, j’ai aussi tenu à me rendre sur les autres lieux de compétition. J’ai ainsi eu le loisir d’assister au match entre la Suisse et l’Allemagne à Jönköping.
Justement, quel regard portez-vous sur la non-qualification de la Suisse pour les quarts de finale de ces Mondiaux?
R.F.: Ce qui arrive est normal. La Suisse n’appartient pas encore aux meilleures nations du monde. Il faut faire preuve de patience. L’équipe nationale à besoin de temps pour effectuer son apprentissage au plus haut niveau. Elle n’a pas encore la maturité nécessaire à la gestion de petits problèmes. Ceux-ci deviennent vite insolubles.
Selon vous, le hockey suisse a donc un avenir radieux?
R.F.: Je suis sûr que la Suisse pourra bientôt se mêler à la lutte pour les médailles. Mais avant, il faut que des joueurs de notre championnat trouvent leur place en National Hockey League (NHL). C’est un must nécessaire.
David Aebischer a montré la voie à suivre. Il a préféré la dure vie des ligues mineures nord-américaines à celle de pacha de la LNA. D’autres doivent se forger ce moral à toute épreuve.
Cela signifie-t-il que les joueurs suisses sont trop payés dans notre championnat?
R.F.: Nous avons toujours quelques années de retard sur le monde du football. D’ici peu, des dirigeants de clubs de hockey vont connaître des difficultés financières similaires à celles auxquelles sont confrontées leurs homologues du ballon rond. Il sera peut-être temps de stopper cette course effrénée qui m’inquiète.
A mon sens, tous les clubs se doivent de mettre en place des structures de gestion très professionnelles.
Le groupe allemand Kirch – sous contrat avec l’IIHF en matière de droits audiovisuels jusqu’en 2007 – vient de déposer son bilan. Allez-vous pouvoir vous priver de sa manne financière?
R.F.: Je ne me fais aucun souci à ce propos. Quoiqu’il arrive, notre budget (25 millions par an, 40 millions lors des années olympiques) restera inchangé. En cas de problème, je sais que plusieurs autres investisseurs sont déjà prêts à prendre une place laissée vacante.
Cela fait maintenant huit ans que vous présidez aux destinées du hockey mondial, avez-vous encore des défis à réaliser?
R.F.: Bien sûr! Tout d’abord, je voudrais trouver la solution pour mettre sur pied une compétition européenne des clubs de hockey qui puisse correspondre à la Ligue des Champions que nous connaissons en football.
Et puis, pour autant que je sois réélu à mon poste l’an prochain, assurer la présence des joueurs de NHL aux JO de Turin en 2006.
Après plusieurs années en Espagne, vous allez rentrer en Suisse, quelles sont les raisons de ce retour?
R.F.: Les raisons sont avant tout familiales. Je veux permettre à mes trois enfants de terminer leur scolarité en Suisse et c’est pour cela que je reviens m’y installer. En ce qui me concerne, rien ne va changer. Et j’espère pouvoir continuer à faire encore longtemps du sport ma profession et de l’industrie mon hobby.
swissinfo/ Mathias Froidevaux à Karlstad

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