Dix ans de prison requis pour avoir étouffé son bébé en Valais

(Keystone-ATS) Le ministère public valaisan a requis dix ans de prison jeudi en appel contre une mère qui avait étouffé son nouveau-né en décembre 2015. La défense a demandé la confirmation de la peine infligée en première instance: deux ans de prison avec sursis.
La mère de famille jugée en appel est-elle coupable d’infanticide ou d’assassinat, et sa responsabilité est-elle diminuée du fait de l’influence de l’état puerpéral, période qui suit l’accouchement? C’est tout l’enjeu du procès qui s’est déroulé jeudi matin au tribunal cantonal valaisan.
La question est d’autant plus grave que l’écart des peines requises est énorme: deux ans de prison avec sursis complet pour infanticide ou dix ans de prison ferme pour assassinat, soit la peine minimale pour cette infraction.
« Un homicide horrible »
Pour le ministère public, les conclusions de l’expertise psychiatrique sont « limpides »: l’état puerpéral dans lequel se trouvait l’accusée au moment des faits « n’a joué aucun rôle dans le passage à l’acte ». Il s’agit donc d’un « homicide horrible » pour lequel elle doit être condamnée.
En étouffant durant une demi-heure son quatrième enfant quelques heures après l’avoir mis au monde seule chez elle, la jeune femme alors âgée de 33 ans a agi avec « froideur, détermination, maîtrise de soi. Il ne s’agit pas de l’acte de quelqu’un dans un état second, mais d’une action méthodique et organisée », a indiqué le procureur Olivier Elsig.
Pour le ministère public, il n’y a pas de circonstances atténuantes. La responsabilité de l’accusée est pleine et entière.
« Elle n’était pas aux commandes »
Pour la défense, l’accusée se trouvait au moment des faits sous l’influence de l’état puerpéral, avec un état second et un désordre physique et psychique manifeste. Dans le déni complet, elle a caché sa grossesse à tout le monde et n’a pas préparé la venue de cet enfant.
Elle n’a pas agi « avec conscience et cruauté ». Elle ne pouvait pas être triste car « ce bébé n’existait pas pour elle », a relevé son avocat Jean-Claude Vocat.
Le défenseur a exhorté la cour à ne pas infliger « une peine exorbitante » à sa cliente. Selon lui, il faut punir l’acte, mais aussi tenir compte du fait que l’accusée « n’était pas aux commandes » ce funeste jour.
Le code pénal suisse prévoit une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire pour une mère qui aurait tué son enfant alors qu’elle se trouvait encore sous l’influence de l’état puerpéral. La défense a demandé à la cour de confirmer le jugement du tribunal de district de Sierre qui, en septembre 2017, avait condamné la jeune femme à deux ans de prison avec sursis pour infanticide.
Un nom pour l’enfant
Interrogée par le président de la cour Jérôme Emonet, la prévenue a confirmé qu’elle n’était pas elle-même et avait l’impression d’être un robot au moment des faits. Elle et sa famille bénéfice depuis d’un encadrement, notamment psychologique.
Elle parvient aujourd’hui à admettre ce qui s’est passé. « J’arrive mieux à en parler. Nous avons donné un nom à cet enfant », a-t-elle déclaré, en pleurs. Le verdict sera rendu dans quelques semaines.
Les faits, admis et racontés par l’accusée, se sont déroulés en décembre 2015 dans une station du Valais central. La jeune femme, alors âgée de 33 ans, étouffe son quatrième enfant quelques heures après l’avoir mis au monde seule chez elle. Elle le dépose dans une armoire à vêtements, puis le met dans un sac-poubelle avant de le jeter plus tard dans un molok.