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Les Suisses convaincus par l’accord de libre-échange avec l’Indonésie

un homme dans la forêt tropicale
Un travailleur récolte les fruits du palmier à huile dans le nord de Sumatra, en Indonésie. Keystone / Dedi Sinuhaji

L’avenir des relations commerciales entre la Suisse et l’Indonésie se précise. Les citoyennes et les citoyens ont voté «oui» à 51,6% à un accord de libre-échange.

L’utilité de l’accord de libre-échange entre la Suisse et l’Indonésie a été reconnue par le peuple. Le traité a été soutenu dimanche par 51,6% des votants. 

Les résultats diffèrent entre les cantons romands, dont la majorité a clairement refusé le traité, et le reste de la Suisse. Une barrière de rösti qui s’observe régulièrement lors des votations fédérales et qui montre une sensibilité différente sur certains thèmes entre la partie francophone et la partie germanophone du pays.

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Le taux de participation aux trois objets fédéraux en votation ce 7 mars s’est élevé un peu au-dessus de 50%. C’est légèrement plus que la moyenne de ces dernières années.

L’accord de libre-échange avec l’Indonésie vise à faciliter les exportations suisses en levant la quasi-totalité des taxes douanières et certains obstacles techniques. Les droits de douane sont aussi supprimés pour les marchandises industrielles importées en Suisse. Des réductions de tarifs sont prévues pour certains produits agricoles, par exemple l’huile de palme dont l’Indonésie est le premier exportateur mondial.

D’après l’Office fédéral de l’agricultureLien externe, la Suisse a importé en 2018 24’272 tonnes d’huile de palme, ce qui représente 22% de l’ensemble des oléagineux importés. Des quantités qui restent relativement stables: au cours des dix dernières années, les importations d’huile de palme étaient en moyenne de 26’509 tonnes.

La Malaisie est le principal pays de provenance. En 2018, 22% des importations d’huile de palme venaient de cet État. Les importations d’Indonésie sont en revanche très faibles, de l’ordre de 1%, alors que ce pays est le premier exportateur mondial de ce produit.

L’Office fédéral de l’agriculture constate ces dix dernières années une forte hausse des importations d’huile de palme en provenance des pays en développement les plus pauvres. Cette part est passée de 11% en 2008 à 44% en 2018. Cela signifie que près de la moitié de toutes les importations d’huile destinée à l’alimentation humaine en Suisse provient de pays en développement.

L’accord contient un article spécifique sur le développement durable, dans lequel les parties s’engagent à préserver l’environnement ainsi qu’à respecter les droits humains et les droits des travailleurs. Il est spécifié que l’huile de palme ne pourra bénéficier d’un rabais des taxes douanières que s’il est produit de manière durable.

Avec ses 271 millions d’habitants, l’Indonésie connaît une croissance fulgurante et devrait figurer parmi les quatre plus grandes économies mondiales en 2050.

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Fruits de palmiers à huile devant une usine.

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Une huile bien envahissante

Ce contenu a été publié sur Depuis plusieurs années, l’Indonésie s’est lancée à fond dans la production d’huile de palme. Mais cette industrie est très problématique pour l’environnement. Sur l’île de Sumatra, le chercheur suisse Thomas Guillaume a mené l’enquête.

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Le gouvernement, le Parlement, les partis de droite et du centre, ainsi que les milieux économiques ont soutenu ce traité. Ils estimaient que le texte offrait des avantages potentiels aux entreprises suisses en Indonésie et leur permettait de rester concurrentielles par rapport aux sociétés basées dans l’Union européenne. Les partisans soulignaient également le caractère innovant de cet accord, qui intègre pour la première fois des critères de durabilité.

Petite déception à droite

Le résultat serré du vote populaire surprend Monika Rühl, la présidente de la direction d’economiesuisse, qui s’attendait à un «oui» clair et net. «Cela aurait été un signal fort pour les petites et moyennes entreprises exportatrices de notre pays, qui ont besoin d’avoir accès aux marchés émergents», a-t-elle réagi au micro de la Radio Télévision Suisse (RTS).

Monika Rühl a rappelé que cette votation sur le traité avec l’Indonésie était également «un vote sur l’accord de libre-échange comme instrument de la politique économique extérieure de la Suisse». 

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Satisfaction à gauche

Le référendum a été lancé par le viticulteur genevois Willy Cretegny. Il était soutenu par les partis de gauche, les jeunes verts, les jeunes socialistes, les jeunes pour le climat, ainsi que des associations d’agriculteurs et de défenseurs de l’environnement. Les opposants dénonçaient le principe même du libre-échange, qui pousse à la surconsommation et est néfaste pour la planète. Ils ne voulaient pas non plus encourager la production d’huile de palme, car celle-ci provoque la destruction de parties importantes de la forêt tropicale en Asie du Sud-Est.

Willy Cretegny a le sourire, même si le «oui» l’emporte: «Nous avions déjà gagné avant les résultats, car on a vraiment ouvert le débat sur le principe du libre-échange, confie-t-il à la RTS. On a maintenant un vrai travail de communication à faire en Suisse alémanique et auprès de certaines ONG.» Le viticulteur prévoit déjà d’autres référendums pour s’opposer aux futurs traités de libre-échange.

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