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A Prague, la Suisse a défendu les principes du désendettement durable

Couchepin Villiger Prague swissinfo.ch

«Il n´y a pas de sens d´effacer la dette de pays qui n´ont pas prouvé leur volonté de réformes»: c´est le langage que la délégation suisse, emmenée par Kaspar Villiger, a tenu à Prague lors des réunions financières internationales.

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale tiennent ces jours-ci leur assemblée annuelle à Prague. L’un des grands sujets à l’ordre du jour concerne le désendettement des pays les plus pauvres. Bon nombre de militants de l’antimondialisation en ont d’ailleurs fait aussi leur principal thème de revendication, réclamant que le FMI laisse tomber la dette.

Les deux institutions monétaires et financières ont annoncé que d’ici la fin de cette année, elles allaient faire tout leur possible pour que 20 pays (au lieu de 10 comme c’est le cas actuellement) puissent bénéficier du programme lancé en 1997 sous le nom de «Initiative pour les pays pauvres les plus endettés».

On peut se réjouir des progrès que ce programme a permis de réaliser pour une dizaine de pays, déclarait Kaspar Villiger, le chef du Département fédéral des finances, à l’issue des séances de travail de dimanche, rappelant, au passage, que la Suisse jusqu’à présent a déjà participé à son financement pour un montant de 160 millions de francs.

Étendre rapidement ce programme à une dizaine d’autres pays lui paraît cependant quelque chose d’assez ambitieux. «Nous avons, dit-il, suffisamment d’exemples dans le passé de pays à qui l’on a accordé des crédits alors qu’ils étaient en position de faiblesse. Quelques années plus tard, les problèmes étaient toujours là».

Clairement dit, la Suisse n’est pas prête à jeter de l’argent par les fenêtres sous prétexte qu’il faut aider à tout prix les pays pauvres à sortir de leur dettes. «Nous ne voulons pas agir sous pression», commente Giorgio Dhima, responsable du dossier FMI au Département fédéral des finances.

«Nous tenons, dit-il, à ce que les pays bénéficiaires de cette aide au désendettement s’impliquent vraiment dans des projets visant à réduire la pauvreté ou à renforcer des secteurs comme la santé et l’éducation, plutôt que d’utiliser cet argent à l’achat d’armements». En deux mots, cela se traduit par l’expression «désendettement durable».

La Suisse est d’ailleurs convaincue que cela n’est possible qu’à condition d’investir aussi dans l’assistance technique et le développement des capacités des pays débiteurs à gérer leurs problèmes de désendettement. Avec d’autres bailleurs de fonds (Autriche, Danemark, Royaume-Uni et Suède), elle a ainsi lancé en 1997 un «Programme de renforcement des capacités d’analyse et de stratégie de dette» dont le bureau est installé à Londres.

Du côté de la Communauté de travail des cinq grandes oeuvres d’entraide, qui depuis des années observe attentivement les prises de position du gouvernement dans les institutions financières internationales, les critères de désendettement durable sont évidemment bien accueillis. Elle dit partager les slogans entendus dans les rues de Prague, pour autant que les effacements de dette profitent en priorité aux populations les plus pauvres.

Elle souhaite cependant que la Suisse – comme elle l’a fait jadis avec succès – se garde encore la possibilité de résoudre certaines situations de manière bilatérale. C’est le cas de quelques pays africains, politiquement fragiles, dont les dettes pourraient ou devraient être réinvesties dans des programmes nationaux pour le développement et pour la paix.

Bernard Weissbrodt

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