Affaire Elf: la justice suisse sur la piste d’Edith Cresson
Le Gotha de l´affaire Elf risque de s´enrichir d´une nouvelle personnalité française. Edith Cresson, ancien Premier ministre, va devoir s´expliquer sur une rémunération de 1,8 million de francs français versée en Suisse.
Après Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, et Dominique Strauss-Kahn, ex-responsable de l’Economie, c’est donc au tour de l’ancien Premier ministre. En 1992, Edith Cresson, qui vient de perdre son poste de chef du gouvernement, décroche un contrat en Allemagne.
La compagnie pétrolière Elf, propriétaire de la raffinerie Leuna, et des stations-service Minol, lui demande de rechercher des terrains dans les nouveaux länder allemands.
L’ancien Premier ministre, qui a créé la société Services Industries Stratégies International et Environnement (Sisie) va charger un salarié et demi, pendant seize mois, en 1993 et 1994, de dénicher une soixantaine de terrains. Qu’ils soient à la sortie ouest de la ville de Camburg (Thuringe), ou dans une rue très fréquentée de Grimma, en Saxe.
Cette recherche vaut-elle 1,8 million de francs français (430 000 francs suisses), payé en trois versements par Elf Aquitaine international, installée à Genève? «S’agit-il d’une prestation réelle ou d’une simple compilation de documents facilement accessibles», s’interroge-t-on avec amusement au palais de justice de Genève.
Le juge genevois Paul Perraudin, en charge de l’affaire Elf, a transmis la semaine dernière à ses homologues français une copieuse documentation concernant les liens entre Elf et la société Sisie. Pour l’instant, le parquet de Paris n’a ouvert que contre X des poursuites pour «recel d’abus de biens sociaux».
Un audit réalisé en 1994 à la demande de la direction d’Elf aurait conclu à la parfaite inutilité des prestations offertes par la société présidée par Edith Cresson.
Ian Hamel
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