Blanchiment des capitaux: le secteur parabancaire commence à se sentir concerné
Jusqu´au 1er avril, les banques suisses étaient pratiquement les seules à signaler aux autorités leurs clients douteux. Dorénavant, le secteur parabancaire est soumis aux mêmes règles. Et aux mêmes pressions. Résultat: les dénonciations se multiplient.
Grâce à la loi sur le blanchiment d’argent (LBA), la Suisse est dorénavant classée parmi les bons élèves par le G7, l’OCDE ou le GAFI. Seule ombre au tableau, les dénonciations n’émanaient pratiquement que des banques. Un exemple: alors qu’en 1998 les établissements financiers alertaient 128 fois le Bureau de communication en matière de blanchiment, les avocats d’affaires n’intervenaient que 3 fois!
Le secteur parabancaire, moins bien structuré, composé de petites unités, employant parfois un personnel peu formé, est pourtant la cible privilégiée de la petite ou de la grande criminalité. Rien de plus facile que de blanchir quelques milliers de francs dans un bureau de change. En Belgique, les deux tiers des déclarations de soupçons émanent d’ailleurs du secteur parabancaire.
Depuis le 1er avril dernier, tout le monde a été mis au même régime. Une entreprise de crédit, un négociant en valeurs immobilières, un hôtel qui pratique le change, au même titre que l’UBS ou le Credit Suisse. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Huit intermédiaires financiers ont déjà été dénoncés au Département fédéral des finances pour violation de la loi sur le blanchiment d’argent.
Si l’on excepte par exemple un intermédiaire financier officiant dans la gestion de fortune, les autres «cas» ne sont pas des familiers des affaires criminelles, puisqu’il s’agit d’hôtels, d’agences de voyages et de Restoroutes. Autant d’établissements qui manipulent de l’argent.
Reste à savoir s’il s’agit d’actions délibérées ou de simples négligences. D’autant qu’un étudiant travaillant dans un Restoroute pour payer ses études n’est pas en mesure de faire vraiment la différence entre un riche touriste et un vrai voyou. Quoiqu’il ne soit guère courant de vouloir changer quelques dizaines de milliers de francs dans un Restoroute!
Ian Hamel
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