Claude Middleton, une Suissesse d’Australie

Selon une récente enquête effectuée par le consulat de Suisse à Sydney, 20 000 Suisses sont enregistrés auprès des représentations helvétiques d'Australie. Claude Middleton est Suisse romande. Elle vit à Sydney depuis 50 ans. Rencontre.

Une majorité des immigrants suisses est alémanique. Seuls 6 pour cent d’entre eux sont francophones. Dont Claude Middleton. En 1950, Claude a 21 ans et travaille à Genève à l’ONU, où elle s’occupe notamment des réfugiés.

A l’époque, le gouvernement australien met en place une politique d’immigration. Avec seulement 8 millions d’habitants, l’île-continent souffre de sous-population. Les autorités envoient une mission en Suisse pour informer d’éventuels candidats qu’ils seront les bienvenus aux antipodes. Parmi les membres de ce convoi, un médecin australien, Peter, dont Claude tombe amoureuse.

Tous deux décident de partir vivre à Sydney. Le voyage, une traversée en bateau, dure six semaines. «Au départ, c’était amusant d’observer les poissons volants. Mais, au bout de trois semaines, j’en avais tellement assez que je me suis demandée si je n’allais pas rentrer en Europe».

Le bateau arrive enfin. Claude découvre alors la vie australienne et se retrouve matériellement confrontée à la distance: «pour appeler en Suisse, nous devions réserver des lignes téléphoniques quinze jours à l’avance. La liaison était mauvaise. Je n’entendais rien, mis à part ma mère qui pleurait».

La jeune suissesse finit tout de même par s’adapter à la vie locale et à en accepter les quelques inconvénients: «la nourriture était infecte, il n’y avait que des viandes grillées et des légumes à l’eau. Aucune variété, pas de fromage.» Au gré des rencontres, Claude s’aperçoit que de plus en plus de Suisses romands s’installent dans la région.

En 1977, 250 d’entre eux fondent le Cercle Romand, une association à but non lucratif, qui vise à rassembler les expatriés et les curieux qui espèrent guérir le mal du pays par quelques raclettes ou compétitions de bowling.

Depuis deux ans, Claude préside «le cercle». Pour cette femme de 71 ans, c’est un réel aboutissement. «Je suis heureuse de pouvoir aider les nouveaux arrivants et, en échange, les discussions que j’ai avec eux me permettent d’entretenir mon français».

Nathalie Tourret, Sydney