
Coca-Cola s’abreuve à l’eau des Alpes

Le géant américain du soft drink s'offre le Suisse Valser. C'est sa première source d'eau minérale en Europe, où il semble débuter une nouvelle offensive.
Propriétaire de Valser Mineralquellen SA, Hess Group a vendu mardi 50% de ses actions à Coca-Cola Hellenic Bottling Company et 50% à Coca-Cola Company, les deux filiales suisses de la firme américaine.
Le prix de cette transaction – qui doit encore être avalisée par le conseil d’administration de Coca-Cola et la Commission de la concurrence – n’a pas été divulgué.
Le porte-parole de Coca-Cola en Suisse, Jürg Dinner, le confirme. Il s’agit bien de la première source minérale achetée par son groupe en Europe.
Une stratégie à long terme
«Cet achat est à considérer comme une stratégie à long terme de la part de l’entreprise Coca-Cola, explique Cédric Böhm. Cette dernière est en effet confrontée à une stagnation du marché dans le domaine des soft drinks.»
Et l’analyste de la Banque Pictet à Genève d’ajouter: «le marché voisin des eaux en bouteille constitue donc un relais très intéressant puisqu’il a connu une croissance moyenne de 10% par an lors des dix dernières années au niveau mondial.»
Avant de réussir à mettre le pied au cœur de l’Europe par l’intermédiaire de Valser, Coca-Cola a été très actif en Amérique du Nord. Ce rachat démontre clairement sa volonté d’expansion sur le marché suisse des boissons sans alcool.
Valser appartient en effet au trio de tête des producteurs d’eau minérale en Suisse. En compagnie de Migros et d’Henniez. Et en Suisse, le marché de l’eau minérale est en constante progression.
Près de 770 millions de litres d’eau minérale y ont en effet été consommés l’an dernier. Ce qui représente une croissance de 7,8% par rapport à 2001.
Valser au-delà des frontières?
Durant des années, le marché mondial des eaux en bouteilles a été dominé sans partage par deux acteurs: le suisse Nestlé et le français Danone. Les arrivées récentes de Pepsi, Coca-Cola, et dans une moindre mesure Carlsberg, viennent quelque peu rééquilibrer la donne.
La nouvelle acquisition de Coca-Cola n’étonne donc pas Marcel Rubin. «Cela fait plusieurs années que Coca-Cola essaie de s’immiscer dans le marché des eaux minérales. Nous sommes quant à nous suffisamment présents sur le marché suisse et étranger», juge ainsi le porte-parole de Nestlé.
Une exportation massive de Valser au-delà des frontières n’est pas prévue. C’est en tous les cas ce que clament en cœur Max Lienhard, patron et président du conseil d’administration de Valser, et Jürg Dinner, porte-parole de Coca-Cola en Suisse.
«Nous tenterons bien sûr de maximiser le potentiel de la marque. Mais les exportations se limiteront aux régions limitrophes à la Suisse», affirment-ils.
Plusieurs raisons à cela: des coûts de production et logistique élevés, qui, associés aux frais de douane, rendraient le produit trop cher. Sans compter l’obligation d’un exercice marketing très ambitieux afin de faire connaître la marque à l’étranger.
Les marchés suisse et mondial des eaux minérales ne devraient donc pas devoir vivre de mutation fondamentale suite à ce rachat. Pas de délocalisation de la production, pas de projets industriels démesurés en perspective.
«L’eau minérale est un produit lié à sa source. Cela signifie qu’il est obligatoire de remplir les bouteilles là où jaillit cette dernière», rappelle malicieusement Richard Kühn, professeur à l’université de Berne et directeur de l’Institut de marketing et de la gestion stratégique.
A Vals et à Zizers, dans les Grisons, la production et la logistique de Valser demeurent inchangées. Pour l’instant.
swissinfo

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