
L’esprit de Bienne

Du «Spirit of Biel» à «Intellibike»: l'Ecole d'Ingénieurs de Bienne a déjà une longue tradition dans la recherche technologique et le développement durable.
«Le projet d’un moteur électrique est né immédiatement après la crise pétrolière des années soixante-dix, se souvient René Jeanneret, professeur à la retraite et pionnier des véhicules solaires. Face à une société industrielle, nous avions choisi de nous intéresser à un moyen de transport qui n’a pas besoin de carburants fossiles.»
Et puis, dans les années quatre-vingt, la technologie solaire est entrée dans la course. C’est alors que sont nés une série de prototypes. De drôles de machines conçues grâce à une collaboration entre les sections électrotechnique et automobile de l’Ecole.
L’œuvre de quelques passionnés
«Les travaux ont démarré avec des moyens modestes, commente René Jeanneret. Mais avec énormément d’enthousiasme et avec un éventail de capacités humaines idéales.»
«Au départ, ce sont quelques passionnés qui se sont mis au travail pendant leur temps libre. Mais, progressivement, poursuit l’ancien professeur, des sponsors se sont intéressés de près aux différents projets.»
Bref, à l’instar de Nicolas Hayek, ils ont reconnu le sérieux et la qualité des recherches menées à Bienne. Et, comme le patron de Swatch, ils les ont soutenues pendant des années.
La belle aventure
Et puis, en 1985, René Jeanneret a réalisé le tout premier véhicule à propulsion solaire. Et le premier contact avec le public remonte à la même année. Il s’agissait, souvenez-vous, de la participation au «Tour de Sol».
Deux ans plus tard, avec la participation au World Solar Challenge en Australie de machines comme le «Spirit of Biel», un nouveau pas est franchi. Les performances sont optimisées grâce à une nouvelle technologie de propulsion, à de nouveaux matériaux et à une consommation minimum.
La deuxième place – décrochée à l’issue des 3000 kilomètres qui séparent Darwin et Adélaïde – signe un premier succès et confirme la compétitivité du produit au niveau international. «Devant nous, se rappelle avec un brin d’orgueil René Jeanneret, il n’y avait que le team de Mercedes avec des moyens bien plus importants.»
Depuis, le «Spirit of Biel» est devenu l’hôte permanent du rendez-vous australien. Lors de l’édition de 1990, le team helvétique est même monté sur la plus haute marche du podium. Et, trois ans plus tard, il a décroché une nouvelle seconde place.
Le Guiness des records
En dix ans de recherche, les véhicules nés à Bienne sont entrés plusieurs fois dans le Guiness des records. Ainsi, au début des années quatre-vingt-dix, les 140km/h ont été dépassés, pour la première fois, avec un moteur électrique.
En 1987, René Jeanneret annonçait à la presse que la voie vers la diffusion des véhicules solaires était désormais ouverte, aussi sur les routes suisses. Une prospective sans doute trop optimiste qu’il relativise lui-même aujourd’hui.
En résumé, le marché n’a pas suivi. Avec la baisse des prix du pétrole, la motivation a diminué. D’autant que les moteurs à explosion ont fait de grands progrès ces années-là.
Nouvelles perspectives
Pour autant, à Bienne, on ne s’avoue pas vaincu. Contre vents et marées, la recherche pour une nouvelle mobilité respectueuse de l’environnement se poursuit.
Mais, aujourd’hui, les véhicules ne sont plus des espèces de panneaux solaires ambulants. On planche en effet sur des solutions qui pourraient vraiment servir au quotidien.
La recherche se dirige vers des batteries qui garantissent une grande autonomie et qui permettent de créer des moyens de transport à la fois esthétiques et adaptés au trafic urbain.
Et c’est là que l’on retrouve l’Intellibike justement. Cette fameuse bicyclette électrique – dont certains modèles sont d’ores et déjà disponibles sur le marché – qui se mesure pour la première fois aux voitures solaires dans le désert australien.
Daniele Papacella

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