La Cité du fada
Une semaine après la Suisse, la France célèbre ce week-end les Journées européennes du patrimoine. Les Marseillais saisissent cette occasion pour découvrir l´un des joyaux d'architecture de leur ville, la Cité radieuse, signée Le Corbusier.
A Marseille, on l’appelle affectueusement la «Cité du fada». Et c’est vrai qu’il fallait au Corbusier un grain de folie pour imaginer un tel bâtiment aux allures de paquebot. Avec ses 337 appartements en duplex, la Cité radieuse, achevée en 1952, multiplie les innovations techniques, mais surtout se veut un laboratoire social.
Sphère publique, sphère privée: la frontière s’est estompée. Malgré un nombre d’habitants avoisinant le millier, on a tôt fait de sympathiser, de passer du vous au tu. Ici, tout est conçu pour favoriser la rencontre. Gymnase, ciné-club, bibliothèque, bistrot… Inutile de quitter l’immeuble, l’architecte d’origine suisse a été prévoyant, il suffit d’emprunter l’ascenseur.
Arrêt au troisième. C’est, ou plutôt, c’était l’étage des commerces. Au fil des ans, la mercerie, la boucherie, le salon de coiffure ont mis la clef sous la porte. Ne résistent qu’une boulangerie et une supérette appartenant à un grand groupe de la distribution. Le matin, on y vient en peignoir pour acheter ses baguettes ou son café.
Village dans la ville, la Cité radieuse a aussi son école maternelle, au huitième. Les enfants de l’immeuble y partagent avec leurs copains du quartier les salles de classes, mais aussi une cour de récréation peu ordinaire: le toit-terrasse, avec sa pataugeoire et sa splendide vue sur la rade de Marseille.
Autant d’arguments qui font de la Cité radieuse un lieu très prisé, presque snob. A la vente, le prix du mètre carré avoisine désormais les 2500 francs. Initialement conçu comme logement social, ce bâtiment a vu en effet le statut de ses habitants se modifier sensiblement. Dès les années 50, les pouvoirs publics ont vendu les logements à leurs occupants, et, peu à peu, les petits fonctionnaires ont cédé la place à des médecins, des enseignants, des chercheurs et bien entendu des architectes.
Beaucoup parmi eux sont des inconditionnels du Corbusier et du style de vie qu’il leur a légué. Un style de vie que de nombreux visiteurs partageront ce week-end, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.
Denis Peiron
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