La Comco ouvre une enquête contre Swisscom, diAx et Orange
Libéralisé depuis janvier 1998, le marché de la téléphonie mobile intéresse déjà la Commission de la concurrence (Comco). Elle ouvre une enquête contre les opérateurs Swisscom, diAx et Orange, suite à des indices de position dominante collective.
L’enquête doit montrer si les prix des services proposés par les trois sociétés sont licites du point de vue du droit des cartels, explique l’autorité de surveillance. La Comco estime que les tarifs des opérateurs revêtent une structure et des montants fort semblables.
L’arrivée de la concurrence a engendré une chute massive des tarifs dans la téléphonie fixe. Un coup de fil aux Etats-Unis, par exemple, coûte aujourd¹hui entre 6 et 12 centimes la minute contre dix fois plus il y a à peine deux ans. On est désormais proche du prix plancher.
Dans le secteur du mobile, en revanche, la baisse des tarifs est restée contenue. La journée, un appel en Suisse depuis un mobile coûte entre 35 et 90 centimes. La raison est évidente. Alors que pour le fixe il y a au moins une trentaine de sociétés sérieuses qui se livrent une guerre des prix sans merci, dans le domaine du cellulaire, seules trois entreprises proposent directement ce service. Pour les 3,6 millions d’utilisateurs de téléphone mobile, le choix est donc limité.
En outre, diAx et Orange n’opèrent sur ce marché que depuis l’an dernier. Ils ont dépensé environ un milliard de francs chacun pour mettre en place leur infrastructure. On peut comprendre qu’ils désirent rentabiliser au mieux ces investissements et éviter une bataille des tarifs avec Swisscom. L’ex-monopole, qui propose depuis de nombreuses années un service Natel, a lui déjà largement amorti son réseau.
Bien que du côté de Swisscom on se déclare «surpris par cette décision de la Comco, car le marché est très compétitif», Jens Alder, le patron de Swisscom, avait récemment admis qu’il restait une marge pour diminuer les coûts des appels mobiles.
D’ailleurs, on constate qu’il est difficile pour un profane de faire une réelle comparaison des tarifs des trois opérateurs, car les services proposés par les multiples abonnements sont disparates (minutes gratuites, rabais de durée, plages horaires, etc.). Une stratégie probablement planifiée pour rendre les comparaisons plus opaques et maintenir des tarifs élevés.
Enfin, il est clair que les offres actuelles qui proposent au consommateur un appareil pratiquement gratuit, s’il souscrit un abonnement mobile, ne sont pas innocentes. Les opérateurs comptent récupérer leur mise via les dépenses en communication. Sur ce point, on peut en déduire que leurs marges sont confortables. On ne donne rien sans rien.
Luigino Canal
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