La coopération suisse cherche à s’implanter à Cuba
Un premier accord de coopération doit prochainement être signé entre Berne et La Havane. La Direction du développement et de la coopération (DDC) espère ouvrir un bureau à Cuba avant la fin de l’année.
La DDC a défini un premier projet de coopération. Les Suisses veulent doter les paysans cubains d’un système sûr de stockage pour leurs récoltes. Comme dans beaucoup de pays d’Amérique latine, les mauvaises conditions de stockage détruisent actuellement 15 à 25 pour cent des récoltes.
Mis au point depuis une vingtaine d’années en Amérique centrale, les silos métalliques de la coopération suisse permettent un stockage totalement sûr. Dans un premier temps, la DDC compte implanter son invention dans quelques coopératives au centre de l’île caraïbe. Mais elle espère, par la suite, élargir la portée de son projet.
Un accord portant sur ce projet doit être prochainement signé avec les autorités cubaines. Dans la foulée, la DDC veut ouvrir un bureau à La Havane. Une implantation qui lui permettra d’étudier la faisabilité d’autres projets de coopération concernant le secteur agricole.
Comme le précise Peter Bischof, chef de la division Amérique latine à la DDC, la coopération suisse n’a aucune expérience à Cuba, même si elle soutient financièrement, depuis quelques années déjà, deux programmes humanitaires avec le Programme alimentaire mondial et l’ONG suisse Médicuba.
Or, les autorités cubaines sont connues pour être particulièrement méfiantes en la matière. Selon un expert cubain, l’ouverture économique de l’île ne signifie pas que La Havane s’est convertie au capitalisme. Il n’y a pratiquement pas d’entreprises privées et les rares qui existent sont strictement contrôlées.
Le régime de Fidel Castro ne veut donc pas qu’un projet de coopération débouche sur la création d’un marché libre. L’expert cubain rappelle que des pays comme l’Espagne ou la France utilisent souvent la coopération comme tête de pont pour leurs industries et misent sur une économie cubaine libéralisée. L’expert qualifie cette relation de jeux du chat et de la souris.
La Suisse a donc de bonnes chances d’établir des relations de coopération avec Cuba. D’autant que Berne ne lie pas ses projets à des achats de produits helvétiques et ses visées économiques sur l’île sont encore floues. Le secrétariat d’Etat à l’économie planche seulement sur un projet de formation au commerce électronique.
Reste alors à savoir pourquoi la DDC a choisi Cuba. La coopération suisse destine son action aux pays les plus pauvres. Or, selon les critères du PNUD, Cuba ne fait pas partie de ces pays. Peter Bischof, de la DDC, explique qu’il s’agit-là d’une coopération de faible ampleur. Et de préciser que Cuba ne sera pas un pays privilégié de la coopération suisse.
Peter Bischof estime également que les Suisses portent un intérêt croissant pour l’île. L’expérience de la DDC sera donc utile au cas où la Suisse décide d’intensifier ses relations avec Cuba. De fait, les mariages mixtes entre Cubains et Suisses sont en augmentation, tout comme le nombre de touristes en partance pour la patrie de Fidel Castro.
Frédéric Burnand
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