La Poste n’est pas assez rentable
En 1999, le bénéfice de La Poste a reculé à 167 millions de francs, contre 239 en 1998, pour un chiffre d'affaires en hausse de 5,476 à 5,702 milliards de francs. La rentabilité s'est inscrite à 2,9 pour cent, un chiffre jugé insuffisant.
Lors de la conférence bilan de La Poste, ce mardi à Zurich, le président du conseil d’administration Gerhard Fischer a relevé que l’entreprise n’était toujours pas suffisamment rentable au terme de son deuxième exercice en tant que société indépendante. Et malgré la croissance, La Poste prévoit pour cette année un résultat en deçà de celui de l’an dernier.
Pour la première fois, l’entreprise a publié ses résultats par unité. «Courrier» et «Postfinance» ont réalisé respectivement des bénéfices de 220 et 128 millions de francs. Par contre, «Colis» a perdu 214 millions et «expresspost» a perdu 7 millions.
Pour Gerhard Fischer, le mandat donné à La Poste par le Conseil fédéral est une «mission impossible». Il faut donner à l’entreprise un mandat clair: soit elle peut faire des économies, soit elle doit être indemnisée pour ses prestations de service public. Sinon, a-t-il dit, La Poste ne pourra pas affronter l’accroissement de la concurrence et la libéralisation du marché postal dans les conditions actuelles.
«Service public et rentabilité tendent à devenir incompatibles lorsque le monde politique intervient pour limiter la marge de manoeuvre de La Poste», a estimé Gerhard Fischer.
Les prestations de service public coûtent à La Poste 500 millions de francs de plus qu’elles ne lui rapportent, a indiqué le responsable des finances, Hans-Peter Strodel. Ainsi l’acheminement de paquets jusqu’à 2 kg, secteur protégé par le monopole, est fortement déficitaire.
M. Fischer a parlé d’une entrée en bourse comme d’un possible moyen de lever des capitaux. Mais il est encore trop tôt pour envisager une privatisation de La Poste. Il faut donc laisser à cette dernière la liberté de réduire ses coûts, et donc de fermer certains bureaux.
Ou alors, il faut un nouveau modèle de financement qui la décharge partiellement des coûts de la desserte de base. Karl Kern, responsable des bureaux de poste et de la vente, a mentionné comme option un dédommagement de la part des cantons ou des communes comme c’est déjà le cas pour les transports publics.
Le président du conseil d’administration a ajouté que des mesures d’économie ne seront pas suffisantes. Il faudra aussi augmenter les tarifs. Un nouveau projet est prêt à être soumis au Conseil fédéral, après que celui-ci eut opposé son veto en avril dernier au précédent projet de La Poste.
Dans des domaines rentables comme l’acheminement des lettres, les hausses de tarifs doivent permettre de financer les développements dans des domaines soumis à la concurrence, comme le commerce électronique.
Le Département fédéral des communications (DETEC) n’entend pas commenter les déclarations de Gerhard Fischer, a indiqué sa porte-parole Claudine Godat Saladin.
swissinfo avec les agences
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