La Suisse n’est pas une place financière offshore
La Suisse ne se contente pas d´être blanchie par le Forum pour la stabilité financière. La Banque nationale suisse et la Commission fédérale des banques montent au créneau pour qu´elle ne soit plus considérée comme une «place financière offshore».
En mai et juin derniers, la Suisse recevait coup sur coup trois certificats de bonne conduite de la part du Forum pour la stabilité financière (FSF), puis du Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux (GAFI), enfin de l’OCDE. Classant les paradis fiscaux en trois catégories, les bons, les méchants et les très méchants, le FSF plaçait la Confédération parmi les premiers de la classe.
«Ce n’est pas suffisant», laissent clairement entendre à présent la Banque nationale suisse (BNS) et la Commission fédérale des banques (CFB). Dans une lettre adressée mardi à tous les membres du Forum pour la stabilité financière, elles expliquent clairement que la Suisse, même si celle-ci gère 3600 milliards de francs, n’est pas pour autant une simple place offshore.
En effet, le puissant secteur financier helvétique ne génère finalement que 11 pour cent du PNB du pays. Il est donc injuste de comparer un pays de 7 millions d’âmes à des micro-Etats, comme le Liechtenstein, Antigua ou les îles Caïmans qui ne survivent que grâce à l’évasion fiscale, voire le blanchiment des capitaux.
Autres arguments, la Suisse ne permet pas la création de «trusts» qui servent à dissimuler l’identité des véritables propriétaires, contrairement aux îles anglo-normandes. Elle pratique l’entraide judiciaire, comme vient de le montrer l’affaire Abacha, du nom de l’ancien dictateur du Nigeria, qui aurait détourné trois milliards de francs. Ce qui n’est guère le cas d’un pays comme la Grande-Bretagne, qui n’exécute que le quart des commissions rogatoires (contre près de 60 pour cent pour la Confédération).
Enfin, les résidents comme les non-résidents doivent s’acquitter d’un impôt à la source de 35 pour cent, bien supérieur à la moyenne pratiquée dans les pays de l’OCDE. Bref, il serait préférable de parler de «centre financier international», plutôt que de «centre financier offshore».
Mais n’est-ce pas demander d’un coup le beurre, l’argent du beurre et les genoux de la crémière? La Suisse, qui gère environ 35 pour cent de la fortune mondiale offshore, accueille malgré tout plus d’argent appartenant aux non-résidents qu’aux autochtones, comme le reconnaissent malgré tout la BNS et la Commission fédérale des banques.
Ian Hamel
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