Le Credit Suisse Group étend son empire aux Etats-Unis
La deuxième banque helvétique rachète la banque d´affaires américaine Donaldson, Lufkin & Jenrette pour 11,5 milliards de dollars. Cette acquisition permet au Credit Suisse First Boston de renforcer sa position parmi les premières banques d´affaires.
La transaction a été conclue ce mercredi avec AXA qui détient 71 pour cent de Donaldson, Lufkin & Jenrette (DLJ). Sur les 11,5 milliards de dollars, 8,1 milliards reviendront à l’assureur français à raison de 30 pour cent en espèces et de 70 pour cent en actions du Credit Suisse Group. Le CSG prévoit de lancer une OPA sur les 29 pour cent restants dès septembre. Une offre à 90 dollars pour chaque action DLJ.
Au total, le Credit Suisse Group rachetera donc la DLJ pour moitié en espèce et pour moitié en actions, sous réserve toutefois de l’approbation des autorités de surveillance en Suisse, aux Etats-Unis, en Asie et dans l’Union européenne.
En cas de feu vert, la société française d’assurance et de gestion d’actifs deviendrait donc, d’ici à la fin de l’année, un gros actionnaire du Credit Suisse Group.
De son côté, la deuxième banque suisse étend son influence sur le marché américain. Et cela deux mois seulement après l’UBS qui, elle, a racheté la société de conseils en investissement new-yorkaise PaineWebber.
Concrètement, c’est sa filiale Credit Suisse First Boston (CSFB) qui va intégrer Donaldson, Lufkin &Jenrette, un établissement spécialisé notamment dans les junk bonds, ces fameuses obligations à haut rendement qui ont fait le bonheur des spéculateurs dans les années 80 et leur malheur dans les années 90.
DLJ est une banque d’investissement qui marche bien et qui est très respectée par les Américains. Au premier semestre de cette année, elle détenait 16 pour cent du marché des nouvelles émissions d’obligations à haut rendement aux Etats-Unis et 15 pour cent du marché mondial. Mieux, par rapport au premier semestre 1999, la banque américaine affiche une progression de 44 pour cent de son bénéfice à plus de 407 millions de dollars.
Le rachat de DLJ permettra en outre au Credit Suisse de s’affirmer dans la gestion de fortune sur le marché américain. DLJ figure en effet parmi les premières banques d’affaires du monde. Le CSFB – qui occupe le cinquième rang dans ce secteur – vise l’une des trois premières places actuellement détenues par Merill Lynch, Salomon Smith Barney et Morgan Stanley Dean Witter. Pour autant, tous les analystes financiers ne sont pas convaincus par la stratégie du Credit Suisse Group.
Certains applaudissent en affirmant que, grâce à cette opération, le CSFB va devenir l’un des acteurs incontournables dans le domaine des fusions et des acquisitions outre-Atlantique. D’autres estiment que le rachat survient à un moment inopportun en précisant que les perspectives de croissance de la banque américaine ne sont plus aussi élevées qu’il y a quelques mois encore.
Catherine Miskiewicz
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