Le gotha du bio mondial tient sa grand-messe en Suisse
Jusqu´à jeudi, Bâle accueille le 13ème congrès IFOAM 2000, le plus grand rassemblement mondial consacré à l’agriculture biologique. C’est la seconde fois que la Suisse est au centre de cette grand-messe du bio.
En 1977 déjà, le premier rassemblement de l’IFOAM, l’organisation faîtière mondiale de l’agriculture biologique, s’était tenu en Suisse. Ce premier congrès de «l’internationale bio» avait alors été organisé à Sissach, dans le canton de Bâle Campagne, par l’Institut de recherche de l’agriculture biologique.
Aujourd’hui, si l’organisateur est resté le même, sa tâche a pris une toute autre dimension. En effet, 23 ans auparavant, le concept de l’agriculture biologique n’était défendu que par quelques pionniers, généralement considérés comme de doux rêveurs.
Les scientifiques prêts à défendre les bienfaits, voire la nécessité, d’une production respectueuse de l’homme et de l’environnement se comptaient alors sur les doigts de la main. Cette époque est bien révolue.
Pour sa 13ème édition, jusqu’à jeudi soir, la conférence scientifique de l’IFOAM accueille quelque 1300 experts venus du monde entier pour échanger leurs expériences et leur vision de l’avenir.
Le développement de ce secteur d’activité ne prête plus à sourire. Et pour cause. «Au niveau mondial, l’agriculture biologique enregistre une croissance de l’ordre de 20 à 25 pour cent», affirme Hervé La Prairie, membre du bureau mondial de l’IFOAM. «Et, selon une étude menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette progression est loin d’être terminée. »
Côté commercialisation, le bio se porte plutôt bien. Rien qu’en Europe, le marché des produits alimentaires biologiques pèse entre 8 et 11 millions de francs.
«En la matière, la Suisse fait figure de leader», précise Christof Dietler, directeur de Bio Suisse, l’Association suisse des organisations d’agriculture biologique. «Le chiffre d’affaire du bio atteint les 650 millions de francs et la demande ne cesse d’augmenter.»
Aujourd’hui, plus de 5000 entreprises agricoles, sur les 70 000 que compte la Suisse, se sont converties à la production biologique. «Cela représente plus de 8 pour cent des surfaces agricoles, précise Christof Dietler. En terme de superficie, la Suisse arrive juste en seconde position derrière l’Autriche. »
Bref, les Helvètes aiment le bio et ce n’est pas nouveau. «La Suisse est fréquemment citée comme exemple, souligne Hervé La Prairie. Ses agriculteurs pratiquent ce type de production depuis longtemps déjà et la reconversion des exploitations a été favorisée par leur petitesse. Il est beaucoup plus difficile de passer au bio lorsque l’on fait de l’agriculture intensive.»
Les agriculteurs suisses ont également eu le mérite de s’organiser. «Ils ont été les premiers à mettre sur pied un cahier des charges définissant clairement les normes de l’agriculture biologique, s’enorgueillit Pierre Praz, conseiller agricole biologique. Ce texte a d’ailleurs servi de base à l’élaboration de l’ordonnance sur l’agriculture biologique édictée par l’Union européenne».
La Suisse et l’UE ont d’ailleurs convenu de l’équivalence de leurs bases légales. «Mais nos normes sont plus contraignantes, souligne Béat Waber, agriculteur biologique dans le canton de Vaud. En Suisse, pour obtenir le label, il faut se limiter à la production biologique. Chez nos voisins, les exploitations peuvent mêler bio et agriculture traditionnelle. Des conditions qui rendent les contrôles plus difficiles».
Vanda Janka
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