Les diplomates suisses au service des PME
Durant une semaine, les chefs des missions diplomatiques suisses à l´étranger ont eu droit à un brainstorming intensif sur les grands dossiers politiques du moment. Avec un accent particulier sur la diplomatie économique.
La cerise sur le gâteau! Pour les ambassadeurs de Suisse, la sortie de vendredi dans l’Oberland bernois a été une respiration bienvenue. Une césure aérienne dans le fief du président de la Confédération, Adolf Ogi, qui a mis fin à une semaine de réflexions intenses sur des thèmes essentiels pour la diplomatie: l’Europe, l’ONU, le dialogue des civilisations.
Comme chaque année, la Conférence des ambassadeurs a été l’occasion pour les chefs des missions diplomatiques suisses à l’étranger de se replonger dans les réalités helvétiques.
«C’est aussi l’occasion d’entretenir l’esprit d’équipe. Il est important que tous les ambassadeurs repartent dans le monde entier avec la même manière de voir les choses», souligne l’ambassadeur Georges Martin, chef du centre d’analyse et de prospective au DFAE.
Inaugurée l’année dernière, la formule de l’immersion dans la société, du contact avec la population a été rééditée. Avec cette fois en point de mire, la nouvelle loi sur la promotion des exportations qui doit entrer en vigueur début 2001.
Cette fois, la diplomatie politique a fait concrètement sa jonction avec la diplomatie économique. Reléguant aux marges de l’histoire, le choc frontal qui avait opposé le ministre de l’Economie, Pascal Couchepin, au chef de la diplomatie, Joseph Deiss.
Une véritable opération commando – exclusivement pédagogique – a été mise sur pied pour permettre aux diplomates d’aller à la rencontre de représentants de petites et moyennes entreprises (PME). Jugez-en: 30 ambassadeurs à Neuchâtel, 30 à Lucerne, 30 dans le canton de Berne, 30 dans les deux Bâle et la Haute Argovie/Emmental.
«Tous les ambassadeurs de Suisse à l’étranger sont là pour défendre les intérêts de leur pays. Et défendre les intérêts de la Suisse, c’est aussi défendre ses intérêts économiques, tout ce qui forme le tissu socio-économique à savoir les PME», souligne l’ambassadeur Georges Martin. Les grandes entreprises ont moins besoin des ambassades, car elles disposent déjà de leurs propres réseaux.
Pour «rattraper le temps perdu», les ambassades vont devoir travailler de façon plus professionnelle avec les PME. En allant au-delà de la mise à disposition d’un simple carnet d’adresses, désormais facilement accessible sur Internet.
Le bras armé de cette ambition légitime n’est autre que l’Office suisse d’expansion commerciale (OSEC). Une «organisation qui n’avait pas une bonne image» mais qui sera dûment mandatée par le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) pour défendre les intérêts des PME à l’étranger.
Alors s’achemine-t-on vers une mue inexorable des diplomates suisses en voyageurs de commerce? Comment trouver le juste équilibre entre une diplomatie politique – sur la défensive – avec une diplomatie de plus en plus axée sur l’économie?
Pour l’ambassadeur Georges Martin, cette question est centrale. «Un pays ne peut pas être perçu comme simplement défendant ses intérêts économiques. Mais dans le même temps, une diplomatie n’est pas acceptée par sa propre population, si elle n’a pas l’impression que ses intérêts sont défendus».
Impossible, selon Georges Martin, de faire l’économie d’une étape incontournable: l’adhésion à l’Europe et à l’ONU pour que «la Suisse soit présente politiquement». Un constat qui vaut son pesant d’or à la veille du grand débat en Suisse sur une adhésion à l’ONU.
Jugurtha Aït-Ahmed
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