Les Suisses prennent en main leur développement durable
Les 23 et 24 août sont placés cette année sous le label «Journées nationales Agenda 21 local». Forum, ateliers et autres bourses aux idées sont organisés à Berne pour démontrer qu´en Suisse l´idée du développement durable fait largement son chemin.
La notion de «développement durable» est à la mode depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992. Mais c’est quelques années auparavant qu’elle avait été clairement définie dans le rapport d’une commission mondiale présidée par Mme Bruntland, alors Premier ministre de Norvège: «Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs».
Autrement dit, il ne suffit pas de protéger la nature de toutes sortes de dégradations, ce qui est certes une exigence absolument indispensable. Mais, si l’on veut garantir aux générations futures des potentialités de vie au moins égales à celles d’aujourd’hui, il faut aussi mener des activités qui soient «économiquement viables et socialement acceptables». Voilà les trois piliers de tout développement durable bien compris.
Le Sommet de Rio en a fait un ambitieux programme baptisé «Agenda 21», sorte de catalogue des initiatives à prendre au cours du XXIe siècle pour concilier les impératifs du développement économique et ceux de la protection de l’environnement. Tous les pays de la planète y ont souscrit, du moins théoriquement, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que cette idée peine à trouver des applications concrètes. Un développement qui valorise les ressources humaines et qui renforce le capital naturel reste encore pour beaucoup une utopie.
En 1997, le gouvernement suisse s’est donné une stratégie qui traduit sa volonté de mettre en œuvre les décisions prises à Rio. Ce plan d’action sert aussi de ligne de conduite aux collectivités publiques, entreprises et institutions privées. Les journées nationales «Agenda 21 local», dont c’est la troisième édition annuelle, sont précisément organisées pour faire connaître les initiatives en cours et pour stimuler de nouveaux engagements.
Une «bourse aux idées» présente ainsi une cinquantaine de projets qui vont de la constitution de réseaux aux systèmes de management urbain en passant par la revitalisation d’espaces humains et de paysages. Les ateliers abordent des thématiques tout aussi variées: électricité écologique, collaboration dans le domaine touristique, intégration citoyenne des étrangers, avantages financiers du développement durable, etc.
L’administration fédérale dispose par ailleurs d’un programme d’encouragement pour les projets-modèles en matière de développement durable. Des subsides, modestes il est vrai, sont alloués à des projets réalisés conjointement par des communes, des associations privées et des particuliers, à condition qu’ils débouchent sur des comportements plus responsables, sur des solidarités réelles et sur une plus grande efficacité économique.
Est-ce à dire que les défenseurs de la nature et les promoteurs de l’économie, qui défendent des positions apparemment inconciliables et se font souvent la guerre, auraient enfin trouvé quelques bons terrains d’entente? Ici et là, cela paraît effectivement le cas.
Les écologistes ont joué un rôle de pionniers dans la sensibilisation aux retombées à long terme de tout projet. De leur côté, les industriels revendiquent avec raison un savoir-faire souvent remarquable. Mais, par définition, il n’y a pas de développement durable si les uns et les autres refusent d’ouvrir un vrai partenariat. Dans la culture de ce pays, c’est au niveau des collectivités locales que les collaborations trouvent leur meilleur terreau.
Voilà le maître-atout. Encore faut-il que chacun le mette dans son jeu.
Bernard Weissbrodt
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