Licences UMTS: enchères records en Allemagne en attendant la Suisse

Six candidats ont déboursé au total plus de 50 milliards d´euros pour obtenir chacun une licence de téléphonie mobile de la 3e génération. Un montant record qui pourrait influencer à la hausse les enchères qui se dérouleront en Suisse en novembre.
Adjugées. Après trois semaines d’enchères, ce sont finalement six sociétés qui ont obtenu une licence UMTS en Allemagne. Les vainqueurs sont les quatre opérateurs mobiles déjà présents sur le marché germanique: Deutsche Telekom, E-Plus, Viag et Mannesmann/Vodafone. Les deux autres gagnants sont Mobilcom (contrôlé par France Télécom) et le consortium 3G (la société espagnole Telefonica alliée à la finlandaise Sonera).
Swisscom, qui participait aux enchères via sa filiale allemande Debitel, s’est retirée de la course la semaine dernière, jugeant que le prix devenait trop élevé. L’ancien monopole fédéral formera probablement un partenariat avec l’une des sociétés qui a décroché une licence. Le nom le plus cité est celui de Mobilcom.
Les ventes des licences UMTS sont en passe de déjouer tous les pronostics. En Allemagne, la vente a dépassé les 50 milliards d’euros, un chiffre qui se situe bien au-dessus des prévisions du ministre allemand des Finances (10 milliards d’euros). Et, début avril, en Grande-Bretagne, les enchères ont atteint 38,5 milliards d’euros, soit 10 fois plus que prévu. En revanche, à la mi-juillet, aux Pays-Bas, les enchères ont été décevantes. Le gouvernement néerlandais n’a empoché que 2,68 milliards d’euros, soit trois fois moins que ses attentes.
Début août, Marc Furrer, directeur de l’Office fédéral de la communication (OFCOM) avait révisé à la baisse ses estimations de recettes pour la vente des quatre concessions suisses qui se dérouleront en novembre. Il considérait que le total des enchères helvétiques se situerait entre 3 et 6 milliards de francs, soit deux fois moins que les prévisions faites début juin.
Le montant historique atteint en Allemagne devrait à nouveau modifier l’analyse, mais cette fois-ci à la hausse. «Nous avons décidé de ne plus donner de chiffre, car le marché fluctue de jour en jour, lance Roberto Rivola, porte-parole de l’OFCOM. Les alliances changent et la stratégie des opérateurs varie selon les pays».
Pour mémoire, en Suisse, dix candidats ont déposé un dossier pour participer aux enchères. Et l’on devrait savoir d’ici à la fin août combien de sociétés seront retenues.
Le marché helvétique offre des perspectives prometteuses pour l’UMTS. Les Suisses sont de plus en plus accros au téléphone cellulaire alors que les banques et les assurances vont proposer de nouveaux services financiers sur les mobiles.
Cette technologie, qui permettra de transférer du son, des images et des données avec un haut débit, devrait être opérationnelle vers 2002. Mais les coûts des concessions UMTS commencent à effrayer les opérateurs. Qui craignent de ne pas pouvoir rentabiliser leurs investissements. D’autant qu’aux milliards dépensés pour la licence, s’ajouteront ceux à débourser pour le marketing et la construction du réseau.
Reste à savoir comment les sociétés vont rentrer dans leurs fonds après les folles enchères britanniques et avant les adjudications attendues en France, en Italie et en Suisse. Reste à savoir également comment les vainqueurs des enchères allemandes vont trouver les moyens de régler la facture: les analystes s’attendent à plusieurs emprunts obligataires géants dans les mois à venir.
Une chose est sûre: les opérateurs qui n’auront pas les reins assez solides risquent la faillite.
Luigino Canal

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