Liechtenstein: l’opération mains propres risque de s’étendre à la Suisse
Accusée par les services de renseignements allemands d’être un paradis pour le blanchiment d’argent sale, la principauté a dû lancer la première opération mains propres de son histoire. Dès à présent, des liens apparaissent avec des banques suisses.
Deux des personnes arrêtées et placées en détention sont soupçonnées d’avoir mis à la disposition des cartels de la drogue d’Amérique du Sud un réseau de sociétés. Notamment pour le clan Ochoa.
Il s’agit, en l’occurrence, de Rudolf Ritter, le frère de Michael Ritter, le vice-président du gouvernement du Liechtenstein, et de son associé Eugen Von Hoffen-Heeb, le consul général du Costa-Rica.
Lié au cartel de Medellin, en Colombie, le clan Ochoa possède un patrimoine évalué à quelque 6 milliards de dollars. Pour blanchir cet argent, la plupart des transactions s’effectuaient par l’intermédiaire de trois banques: la Bank in Liechtenstein, la Bank in Buchs, mais aussi la Kreditanstalt Grabs.
Or, la Kreditanstalt Grabs n’est pas liechtensteinoise, mais suisse. Elle est installée à quelques mètres de la frontière qui sépare les deux pays. Ce petit établissement régional est dirigé par D. M., un ancien responsable de la Verwaltungs-und Privatbank AG, l’une des banques les plus souvent citées dans les affaires de blanchiment.
Le rapport des services de renseignement allemands (BND) révèle que Rudolf Ritter et Eugen Von Hoffen-Heeb ont aidé le clan Ochoa à acquérir 25 pour cent de la banque roumaine International Bank of Religions (IBR), sous influence de l’église orthodoxe. Par l’intermédiaire de l’IBR, 35 millions de dollars de la famille Ochoa auraient atterri sur deux comptes de l’UBS.
«Il existe un même lien de correspondance entre l’IBR et l’Union Bancaire Privée à Genève», ajoutent les services secrets allemands. Récemement reçue par le ministre de la Justice du Liechtenstein, la conseillère fédérale Ruth Metzler n’est certainement pas repartie les mains vides.
Ian Hamel
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