Médaille de bronze pour la cheffe des finances genevoises
Le magazine «Bilan» et l´IDHEAP publient ce mercredi un classement des finances publiques des cantons suisses. Surprise: Genève et sa grande argentière Micheline Calmy-Rey figurent sur la troisième marche d´un podium occupé par Thurgovie et Nidwald.
Comment gèrent-ils vos impôts? Sous ce titre, le mensuel économique «Bilan» et l’IDHEAP (Institut de hautes études en administration publique de Lausanne) proposent dans un dossier d’une trentaine de pages les résultats d’une étude sur la gestion des grands argentiers cantonaux de Suisse.
Les huit indicateurs retenus pour l’examen portent sur la couverture des charges, la marge d’autofinancement, l’endettement supplémentaire, le poids des intérêts, la maîtrise des dépenses courantes, la flexibilité du budget, l’exactitude des prévisions fiscales et l’intérêt moyen de la dette.
La majorité des cantons sont recalés car ils n’atteignent pas la moyenne – traditionnelle en Suisse – de 4 points sur 6, ce qui fait dire à «Bilan» que «plusieurs collectivités vivent toujours largement au-dessus de leurs moyens» et qu’un assainissement de la situation réclamerait encore «plusieurs années d’efforts et des mesures impopulaires qui vont devenir toujours plus difficiles à faire passer».
A lire ses conclusions, le cas du canton de Genève ne doit pas faire illusion, il serait l’exception qui confirme la règle: «aucune autre région ne recèle le potentiel de rétablissement qui caractérise l’économie du bout du lac».
Sa présence sur ce podium constitue tout de même une surprise, lui qui pendant des années faisait figure de cancre. Il y a moins de deux ans, certains lui avaient même prédit une grosse crise lorsque les deux tiers des électeurs genevois avaient refusé un paquet de réformes budgétaires sorti tout droit d’une table ronde des différents acteurs politiques, économiques et sociaux du canton.
Les temps changent, et plus vite donc qu’on ne l’imagine. Si l’on en croit les commentaires assortis à cette enquête, Genève devrait sa réussite notamment à l’extraordinaire vigueur de sa reprise économique et à sa puissance fiscale qui reste l’une des plus fortes de Suisse, mais aussi au «nouvel état d’esprit» qui anime la direction des finances genevoises.
Voilà qui doit faire plaisir à sa cheffe, la socialiste Micheline Calmy-Rey, qui en tient les rênes depuis seulement trois ans à peine, mais qui à la lecture de ce palmarès garde les pieds sur terre: «Ce bon classement est plus angoissant qu’autre chose, avoue-t-elle dans les pages du magazine. Car nous avons un défi de taille pour l’avenir».
En clair, son objectif est de faire en sorte que les ressources cantonales permettent de financer les prestations sociales et qu’elle-même bénéficie pour cela d’une plus grande liberté de choix. Au chapitre des points faibles, elle sait aussi que les prévisions fiscales genevoises manquent singulièrement d’exactitude et que le service de la dette cantonale est très lourd à porter (quelque 360 millions de francs par an).
Il en va de ce palmarès comme du classement des joueurs de tennis. Celui (ou celle) qui ne veut pas perdre sa place doit au moins faire tout aussi bien l’année suivante. C’est peut-être plus facile pour les lanternes rouges (Vaud et Neuchâtel en l’occurrence). Pour Genève, il ne faudrait pas, disent les rédacteurs de «Bilan», que cette rapide ascension tourne au cauchemar d’Icare: «gare à ne pas se brûler les ailes!»
Bernard Weissbrodt
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.