Swisscom se réorganise pour rester compétitif
Alors que les alliances planétaires se multiplient dans le secteur des télécommunications, Swisscom tente de se démarquer de la Confédération en transformant le groupe en un ensemble de sociétés autonomes.
Le Conseil d’administration de Swisscom a décidé de transformer, d’ici à la fin 2001, l’ancien monopole en un holding pour donner «une large autonomie» aux diverses unités du groupe et notamment à son secteur mobile qui va devenir une SA. La nouvelle structure permettra d’attribuer clairement les responsabilités en matière de résultats et de «conclure des partenariats stratégiques dans les différents segments du marché».
Cette réorganisation ne constitue pas une surprise. La branche est en mutation rapide, alliances, rachats et fusions sont monnaie courante. Dans ce contexte, il est vital de réagir rapidement aux changements. Or la marge de manoeuvre de Swisscom est réduite par le fait que la Confédération demeure son actionnaire majoritaire. Berne détient encore 65,5 pour cent du capital de l’ex-monopole.
Seul un statut de société anonyme de droit privé permettra à Swisscom d’assurer son avenir. D’ailleurs, la plupart des opérateurs européens ont déjà franchi le pas. Le gouvernement suisse semble d’ailleurs l’avoir enfin compris puisque le Département fédéral de la communication a jugé cette restructuration nécessaire. Tôt ou tard, Berne devra vendre son paquet d’actions Swisscom.
C’est surtout la téléphonie mobile, avec la nouvelle norme UMTS pour les appareils cellulaires de la troisième génération, qui est au centre de toutes les préoccupations. Les mégaventes aux enchères des licences UMTS britanniques (38,5 milliards d’euros) et allemandes (50,5 milliards d’euros soit 78 milliards de francs) ont montré que la bataille se déroulait entre géants. Seuls les opérateurs très solides financièrement peuvent lutter.
Swisscom, qui s’est retiré de la course en Allemagne lorsque les enchères UMTS sont devenues vertigineuses, devra trouver un partenaire pour sa filiale germanique debitel. La transformation en holding va donner plus d’autonomie et de flexibilité à son secteur téléphonie mobile. A terme, Swisscom devra certainement s’allier avec un des géants européens.
Cette nouvelle structure annonce aussi un changement historique de stratégie. Swisscom va en effet «se concentrer essentiellement sur le marché porteur de la communication mobile». Une phrase qui remet en cause le projet de développement des activités de téléphonie fixe dans les zones frontalières.
Les participations en Alsace et dans le Bade-Wurtemberg seront vendues. Swisscom cèdera les 50 pour cent détenus dans tesion à son autre copropriétaire Energie Baden- Württemberg. En France, la part placée dans Estel sera aussi abandonnée. Et, en Italie, des négociations sont en cours en vue de collaborer avec un partenaire pour le développement de «nouvelles affaires». Enfin, Swisscom envisage de faire entrer en bourse sa filiale autrichienne UTA Telekom.
Pour l’heure, la transformation en holding n’impliquera pas de nouvelles coupes dans les effectifs. Mais d’autres externalisations sont possibles. Depuis l’ouverture à la concurrence, Swisscom a supprimé (ou est en passe de le faire) quelque 7000 emplois et prévoit d’en externaliser 3000 autres.
Luigino Canal
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