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Un Suisse prend la tête de l’AELE

Le nouveau secrétaire général de l'AELE William Rossier (à gauche) avec son prédécesseur Kjartan Johannson. Keystone

William Rossier est devenu jeudi secrétaire général de l´Association européenne de libre-échange (AELE). Ce groupe économique régional, dont la Suisse est le plus gros contribuable, représente près de 3 pour cent du commerce mondial.

Délestée en 1995 de trois de ses membres (Autriche, Finlande, Suède) pour cause d’adhésion à l’Union européenne, l’AELE ne compte aujourd’hui plus que quatre membres, à savoir le Liechtenstein, l’Islande, la Norvège et la Suisse. William Rossier insiste pourtant sur l’importance de ce groupe économique régional: «Il y a six ans, lorsque mon prédécesseur, l’Islandais Kjartan Johannson, a pris ses fonctions à la tête du secrétariat de l’AELE, nous n’imaginions pas que ce groupe deviendrait si utile pour ses membres».

Ces dernières années, en effet, les zones de libre-échange se sont multipliées ou renforcées, comme en témoigne la création de l’ALENA nord-américain ou du Mercosur sud-américain, le renforcement de l’ASEAN asiatique, de l’Union européenne ou du Conseil des Etats du Golfe. Et ce processus devrait encore s’amplifier à l’avenir. Des projets libre-échangistes existent en effet en Amérique latine, en Afrique et en Asie.

La Suisse figure au douzième rang des puissances économiques mondiales. Elle pourrait donc être tentée de faire cavalier seul. Plusieurs parlementaires fédéraux veulent en tous cas privilégier cette voie, comme en témoigne les déclarations du conseiller national UDC Christoph Mörgerli publiées dans le Tages Anzeiger du 26 novembre dernier: «Le modèle d’avenir c’est le commerce mondial dans lequel un maximum d’unités mobiles, autonomes comme notre petit Etat, agissent comme des commerçants égaux en droits».

Les récents déboires de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) apportent pourtant un cinglant démenti à cette vision idyllique. Depuis lors, les gouvernements ont fortement pris conscience de l’importance des associations de libre-échange comme palier régional dans le processus de libéralisation des marchés.

William Rossier confirme: «Les groupes économiques régionaux rassemblent des Etats qui ont une volonté politique de libéraliser leurs marchés, alors qu’il n’est pas sûr que ce soit le cas de l’ensemble des membres de l’OMC».

De plus, rien n’indique aujourd’hui que l’OMC soit capable de lancer un nouveau cycle de négociations commerciales à l’image de l’Uruguay round. «De toute manière, cela prendra du temps», avertit William Rossier qui représentait la Suisse auprès de l’OMC avant de prendre la tête du secrétariat de l’AELE.

En fait, la Suisse et ses entreprises n’ont pas d’autre choix que d’utiliser au maximum l’AELE pour se profiler sur les marchés mondiaux. L’AELE offre en effet une capacité d’achat (120 milliards de dollars en 1998) qui représente le double de celle de la Suisse toute seule. Au sein de ce groupe, la Suisse peut donc obtenir des accords de libre-échange ou de coopération avec des pays tiers nettement plus profitables à son économie.

Ce sera d’ailleurs la tâche principale de l’AELE ces prochaines années. Forte de quinze accords de libre-échange et de huit accords de coopération avec l’Europe centrale et les pays méditerranéens, l’AELE va poursuivre dans cette voie dès le mois prochain en négociant des accords commerciaux avec le Canada, le Mexique, le Chili et l’Afrique du Sud dès cet automne.

A l’interne, l’AELE va enfin pouvoir actualiser sa charte constitutive qui n’a pas bougé depuis sa création en 1960. «C’est une retombée directe des accords bilatéraux entre Berne et Bruxelles», précise William Rossier qui espère leur entrée en vigueur pour juillet 2001. Avec ces accords, la Suisse rattrape en effet une partie du retard qu’elle a pris en rejetant son adhésion à l’Espace économique européen dont font partie les autres membres de l’AELE.

Frédéric Burnand

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