Une Bourse des marchés émergents, une idée pour Genève
A Genève, le Salon international des marchés émergents offre aussi à son public des thèmes de débat. Exemple: pourquoi ne pas imaginer une Bourse réservée à ces marchés, une sorte de «Nasdaq du développement»? L´idée mérite en tout cas d´être creusée.
Ce Salon (EMA – Emerging Markets) présente cette semaine à Genève la deuxième édition d’un rendez-vous destiné à promouvoir les économies des pays de l’Est et du Sud . Une quarantaine de pays ainsi qu’une vingtaine d’institutions financières y tiennent vitrine de manière plus ou moins attrayante.
Parallèlement, plusieurs forums offrent à leurs participants l’occasion de contacts, de discussions et de documentation sur des thèmes comme le capital risque, les opportunités d’investissement, le commerce électronique et autres. Ou encore de prendre la température des opinions sur de nouvelles idées. Ce fut le cas mercredi soir à propos de la création d’une éventuelle «Bourse internationale du développement».
Le constat est là. Dans les pays en développement ou en transition, il existe certes des institutions boursières, mais elles n’attirent pas assez d’investisseurs. Par ailleurs, du moins dans les pays industrialisés, la tendance est à la fusion des places boursières nationales. Quant au Nasdaq, autrement dit l’indice de référence des entreprises de haute technologie et de l’économie dite nouvelle, c’est une carte de visite très convoitée mais difficile à gagner.
Une bourse du développement apporterait-elle un plus dans le puzzle actuel? Les avis sont partagés. Elle offrirait, disent les uns, une vraie possibilité de financement à des entreprises de pays émergents qui répondraient à de solides critères de bonne gestion, elle apporterait aux investisseurs internationaux la confiance et la sécurité dont ils ont besoin, elle redonnerait des chances à des zones entières exclues du développement économique.
D’autres rétorquent que de toutes façons «la plupart des gouvernements ne considèrent les bourses que comme des icônes du capitalisme», que l’on courrait le risque d’attirer des entreprises de service hyper-sophistiquées au détriment de celles qui répondent à des besoins d’infrastructures industrielles de base et qu’il est permis de douter qu’une telle institution fasse autre chose que proposer de nouvelles opportunités de spéculation.
Guy Mettan, président de la Fondation EMA, regrette la méfiance dont pâtissent toujours bon nombre de pays émergents. Mais sa conviction est qu’on ne peut pas maintenir à l’écart les trois quarts des potentialités humaines et des ressources de cette planète. De plus, c’est le bon moment pour se lancer dans ce genre d’initiative car la globalisation ouvre considérablement le jeu des échanges économiques.
Et les capacités dont là, dit-il: «Pendant ce salon, on a essayé de classer les meilleurs fonds de placement et on s’est aperçu que les plus performants sont créés et gérés dans des pays émergents comme le Maroc ou le Mexique. Il y a dans le Sud des gens tout à fait capables de créer des entreprises rentables avec des critères rigoureux. Encore faut-il leur permettre d’accéder aux marchés de capitaux.»
Quoi qu’il en soit, l’idée d’une Bourse internationale du développement est lancée. Dans un premier temps, EMA compte poursuivre le débat sur son site internet. Viendra ensuite le temps de l’affinage des critères (bonne gestion, transparence, durabilité, etc.) et de la concrétisation. Tout cela prendra sans doute quelques années.
Cela n’empêche pas les plus optimistes de penser déjà à Genève comme l’un des lieux possibles d’accueil de cette Bourse. Ils mettent en avant ses traditionnels atouts: la notoriété de sa place financière, son image consensuelle et sa proximité avec les organisations intergouvernementales et les ONG les plus impliquées dans le développement.
Bernard Weissbrodt
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.