Fribourg: Romands opposés à « un bilinguisme institutionnel »

La communauté romande du Pays de Fribourg (CRPF) dénonce la volonté politique de la commune de Fribourg visant à "germaniser à tout prix son administration, ses institutions et sa communication". Elle estime que la paix des langues se nourrit de stabilité et de respect mutuel.
(Keystone-ATS) « La dernière illustration de cette volonté est la décision de mettre au concours la création d’une identité visuelle (logo) bilingue qui fait l’impasse sur la réalité linguistique et juridique de la commune. Le but de cette stratégie est « d’imposer la reconnaissance à court terme de l’allemand comme seconde langue officielle et ainsi de confier la gouvernance de la ville à une élite bilingue », a indiqué lundi la CRPF.
L’organisation estime que l’accès à certaines fonctions pourraient être fermées à l’avenir aux francophones non bilingues. Ainsi, au cas où la langue allemande deviendrait également officielle, plus de 20’000 citoyens francophones éligibles n’auraient plus les compétences linguistiques leur permettant, par exemple, de siéger de manière efficace au sein du Conseil communal ou du Conseil général.
La CRPF s’inquiète aussi de la possible suppression de la garantie actuelle pour tout francophone du district de la Sarine de bénéficier d’une procédure judiciaire dans sa langue. Elle demande au Conseil communal de Fribourg de renoncer à son projet d’identité visuelle qui tend « à imposer à la hussarde un bilinguisme institutionnel sans attendre l’issue des débats du Grand Conseil sur la future loi cantonale sur les langues ».
Territorialité des langues
L’organisation demande que soit respectée la langue officielle de la majorité de la population de la ville, qui se réclame officiellement de langue française (85%) et qui, pour l’essentiel, ne pratique pas l’allemand. Elle invite le Conseil d’État, conformément aux exigences de la Constitution fédérale et de la Constitution fribourgeoise, à faire respecter le principe de la territorialité des langues.
La CRPF ne conteste pas la nécessité de garantir à la minorité linguistique germanophone de la ville de Fribourg des facilités, notamment en matière scolaire, en raison de son ancrage historique. « Toutefois, ces droits n’impliquent pas la reconnaissance de l’allemand comme seconde langue officielle de la commune de Fribourg », a-t-elle précisé.