L’artiste contemporain zurichois Tim Zulauf investit le vieux Tunis

(Keystone-ATS) La médina de Tunis se métamorphose dès mercredi et pendant cinq jours en Mecque de l’art contemporain. Le festival Dream City veut se réapproprier l’espace urbain. L’artiste zurichois Tim Zulauf y présente sa dernière création, « La Maison de Trolls ».
Dans l’enchevêtrement des rues de la vieille ville, entre vendeurs de bibelots, de tapis ou d’épices, l’art contemporain tentera de se frayer une place. Il y a cinq ans, en pleine révolution tunisienne, plusieurs galeries d’art avaient été saccagées par des tenants d’un Islam rigoriste. Aujourd’hui, les espoirs et les craintes nés de cette période troublée continuent d’alimenter le quotidien des artistes tunisiens.
Mais ils ne sont plus seuls à interroger le présent et à crier haut et fort leur attachement à la liberté d’expression. Des artistes de plus d’une dizaine de pays ont été invités cette année à participer à Dream City. Et parmi eux, l’artiste contemporain zurichois Tim Zulauf.
Nouveaux codes
Sa troupe composée d’acteurs germanophones, arabophones et francophones, répète assidûment depuis plusieurs jours dans une splendide bâtisse de la médina généralement consacrée à la sauvegarde du patrimoine architectural du vieux Tunis. Le contraste est d’autant plus saisissant qu’entre ces vieux murs, l’artiste pose un regard décalé sur l’émergence des nouveaux codes de langage liés pour la plupart aux réseaux sociaux.
Selon le concept de l’artiste, il s’agit d’une installation théâtrale pour explorer « des façons alternatives de parler ensemble ». Et chacun y va de son chapelet pour dégager des pistes de langages pour demain. L’auteur revient copieusement aussi sur le « cyberactivisme » qui a germé au début de la révolution tunisienne lorsque pour contourner tout contrôle étatique, de jeunes Tunisiens avaient abondamment utilisé les réseaux sociaux pour communiquer.
Une société à recréer
« J’ai constaté moi-même ma propre impuissance au moment d’utiliser les nouveaux médias et je voulais partager mes questionnements avec des artistes d’ici afin de formuler d’autres approches. Autrement dit un engagement en faveur d’une société qui doit actuellement se recréer », a expliqué l’auteur à l’ats.
Initiée par l’association l’Art Rue, le festival Dream City se veut « un lieu de frottements et de négociations » dont l’objectif est de créer une proximité avec la population. Objectif: développer de nouveaux territoires, questionner la relation entre art, société, patrimoine, mémoire, territoire, citoyenneté et politique.
Tout un programme dans un pays qui se relève à la fois des soubresauts de la révolution de jasmin mais également des attentats terroristes de 2015.
www.dreamcity.tn