La condamnation de Marine Le Pen « n’est pas une décision politique »

"La justice n'est pas politique. Cette décision n'est pas une décision politique mais judiciaire, rendue par trois juges indépendants, impartiaux", a dit mardi l'un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz, en réaction à la condamnation de Marine Le Pen.
(Keystone-ATS) Cette décision « a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale », a aussi affirmé le procureur général près la Cour de cassation sur la radio RTL. Il a qualifié « d’inadmissibles » les « attaques très personnalisées contre des magistrats et les menaces qui peuvent faire l’objet de poursuites pénales ».
De son côté, le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a déploré mardi que « tout sera fait pour nous empêcher d’arriver au pouvoir ». Il a fait un parallèle entre « le climat » en France et la Roumanie où le candidat d’extrême droite a été privé d’une victoire potentielle par l’annulation de l’élection présidentielle.
« Juges rouges »
M. Bardella a dénoncé au micro de Cnews/Europe 1 « la tyrannie des juges », qualifiés de « juges rouges » car « on a le sentiment que ça se tourne souvent contre un camp politique plutôt que contre un autre », en référence aux affaires Fillon et Sarkozy.
Il a cependant condamné « les menaces, les injures ou les insultes » à leur égard et a annoncé « l’organisation ce week-end de distributions de tracts et mobilisations » qui seront « pacifiques » car « nous ne sommes pas des fachos (…), nous sommes des gens raisonnables ».
« Nous sommes totalement innocents dans cette affaire et, en dépit de cela, on prive des millions et des millions de Français de leur candidate naturelle et légitime à l’élection présidentielle », a-t-il clamé. « Pour l’instant, on ne passe pas à autre chose et on ne passera pas à autre chose (…) On est loin d’être morts », a-t-il répété, « promettant d’utiliser toutes les voies de recours ».
Le tribunal a condamné Mme Le Pen pour détournement de fonds publics, ayant établi qu’il y avait bien eu un « système » mis en place entre 2004 et 2016 pour faire faire des « économies » au RN en payant avec l’argent du Parlement européen des assistants d’eurodéputés travaillant en réalité pour le parti. Cette décision, à ce stade, l’empêche de concourir à la présidentielle 2027.
La victimisation est le leitmotiv de Marine Le Pen depuis près de trente ans de carrière politique, lors de laquelle elle a autant mis en scène ses déboires que sa capacité, jusqu’alors, à les surmonter.