La majorité de droite exige plus d’efficience de la part de l’Etat

La majorité de droite du Grand Conseil vaudois exige plus d'efficience de la part de l'Etat. Elle a accepté mardi deux postulats UDC demandant de limiter l'augmentation du nombre de postes (EPT) au sein de l'administration cantonale et de questionner la légitimité des postes existants via un audit externe.
(Keystone-ATS) Les deux postulats ont été traités simultanément puisqu’ils abordent le même sujet. Ils ont passé la rampe grâce au vote compact de l’UDC, du PLR mais aussi de la majorité des Vert’libéraux. La balle est désormais dans le camp du gouvernement qui a une année pour présenter une réponse sous forme de rapport.
Le premier postulat, défendu par le député UDC Fabrice Moscheni, appréhende la question de l’efficience de l’Etat de façon quantitative. Alors que le Canton de Vaud comporte près de 20’000 fonctionnaires dans son administration (ACV), l’élu a rappelé qu’entre 2013 et 2022, leur nombre a crû de près de 19%, alors que la population croissait de 14%.
Son texte corrèle le nombre de fonctionnaires à la variation de la population vaudoise. Il demande au Conseil d’Etat de donner un rapport sur la manière dont il compte limiter la croissance du nombre des employés à temps complet (ETP) de la fonction publique afin qu’elle soit inférieure ou au maximum égale à la croissance de la population vaudoise.
Demande d’un audit externe
Le postulat de son collègue de parti Cédric Weissert opte, lui, pour une approche plus qualitative. Il demande de réaliser un audit de l’efficience des ETP au sein de l’administration, département par département, de proposer des pistes afin de couvrir les missions de l’Etat sans passer par la systématique d’augmentation des ETP et de dresser un rapport comparatif avec des cantons présentant de mêmes similitudes.
Après examen en commission, les deux postulats ont débouché sur des rapports de majorité (pour) et de minorité (contre), dans une division respectivement entre la droite et la gauche. Mardi, le débat a duré au moins 1h15, mais pratiquement sans escarmouches.
A droite, il a été répété que le canton avait un gros problème de dépenses et que ces deux postulats posaient les bonnes questions. Il faut enfin ouvrir les yeux, ont résumé les deux postulants. « On doit absolument commencer à travailler sur l’efficience et arrêter de se voiler la face, sinon on va foncer droit dans le mur », a dit M. Weissert.
A gauche, on s’est montré sceptique voire très critique sur le premier postulat visant « à établir une règle automatique de corrélation », « trop stricte », entre postes de travail à l’Etat et évolution démographique dans le canton. « L’efficience ne doit pas être un prétexte à l’austérité. Il ne faut pas confondre rigueur et régression », a par ailleurs affirmé l’élue EP Céline Misiego.
« Gargantuesque »
L’UDC Philippe Jobin s’est étonné de la posture défensive de la minorité de la commission. Il a plaidé pour « l’amélioration de la performance » de l’Etat, par opposition à « l’austérité ». Il a encouragé la gauche à « avoir une vision plus constructive de l’efficience plutôt que de botter en touche » cette question.
Le député PS Arnaud Bouverat s’est, lui, inquiété du coût d’un audit qui scannerait tous les postes de l’Etat. « Je comprends l’intention, mais je crains que nous n’ayons pas les moyens financiers actuellement pour ce type d’audit externe ». Le Vert Yannick Maury a carrément parlé de « demande gargantuesque ».
La ministre Nuria Gorrite a pour sa part indiqué que le Conseil d’Etat n’était pas opposé à une prise en considération des deux postulats. Tout en rappelant que le gouvernement se penchait déjà sur des mesures d’économies et sur l’efficience de l’Etat. Elle a prôné une « approche intelligente, nuancée et équilibrée » versus des mesures basées sur « des chiffres arbitraires ».
Au vote, le premier postulat a remporté 73 voix favorables (55 contre) et le second a obtenu 79 oui (contre 55 non).