
Face à la pénurie de logements, jeunes et personnes âgées cohabitent

Les logements sont une denrée rare en Suisse, en particulier en ville pour les étudiantes et étudiants. En parallèle, de nombreuses personnes âgées vivent seules dans de grands appartements. Le projet « Wohnen für Hilfe » (en français «Un logement en échange de services») rapproche ces deux mondes. La personne qui met une chambre à disposition reçoit de l’aide au quotidien et, souvent, une véritable relation se développe au-delà d’un simple arrangement pratique.
Andrea Ziegler, 62 ans, est assistante sociale chez Pro Senectute dans le canton de Zurich. Elle s’occupe du programme «Wohnen für Hilfe» depuis neuf ans.
SRF: Qui participe à «Wohnen für Hilfe»?
Andrea Ziegler: Chez les étudiantes et étudiants, ce sont des jeunes ouverts, conscients qu’il faut donner un coup de main. Du côté des personnes âgées, il s’agit généralement de personnes bien instruites vivant dans de grands appartements ou maisons. Elles sont prêtes à partager leur espace et à s’ouvrir à la jeunesse.
Comment les binômes sont-ils formés?
Cela demande une certaine préparation. Nous discutons longuement avec les personnes âgées: quelle est leur vision de la cohabitation, comment imaginent-elles le quotidien, sont-elles vraiment prêtes à partager leur logement? Les étudiantes et étudiants doivent aussi réfléchir à leur volonté de vivre dans une communauté intergénérationnelle.
Dans le canton de Zurich, des personnes âgées et des jeunes en formation vivent ensemble dans une forme de cohabitation particulière. Au lieu de payer un loyer, les étudiants offrent un soutien quotidien à la personne âgée. La règle: une heure d’aide par mois pour chaque mètre carré de logement, plus les charges.
Exemples d’aides possibles:
– Travaux ménagers et jardinage
– Courses et démarches administratives
– Petites réparations
– Aide à l’utilisation des outils numériques
– Accompagnement à des événements culturels
Les soins ou l’assistance médicale ne sont pas inclus. Chaque cohabitation est définie individuellement et formalisée par écrit. Pro Senectute Zurich accompagne la mise en relation et reste disponible pour toute question pendant la durée de la cohabitation.
Participantes et participants: personnes âgées et jeunes originaires de Suisse ou de l’UE.
Les jeunes ne paient pas de loyer, mais apportent leur aide au quotidien. Comment cela fonctionne-t-il?
La règle pratique est: un mètre carré de surface habitable équivaut à une heure d’aide par mois. Elle peut se concrétiser par du nettoyage de vitres, des courses ou de la tonte de pelouse.
Mais elle peut aussi s’avérer plus créative: pratiquer du sport ensemble, une sortie, accompagner à des événements culturels. L’échange social est essentiel – que ce soit autour d’un jeu ou d’un repas partagé. Nous attachons une grande importance à cet échange – pas seulement au travail.
Combien de temps cela représente-t-il en pratique?
Pour une chambre de 12 à 16 m², cela représente environ trois à quatre heures par semaine. Les activités sont définies ensemble. Il est essentiel que les deux parties se sentent à l’aise.
Quelle est la durée de ces cohabitations?
Souvent environ un an, beaucoup restent pendant toute la durée de leur bachelor. Certains vivent quatre ou cinq ans avec une personne âgée. Des amitiés se créent – cela me réjouit particulièrement quand le binôme fonctionne bien.
Où se situent les risques de conflit?
Quand les attentes ne sont pas claires. Certaines personnes âgées attendent plus d’aide que ce qui a été convenu. Ou quand les jeunes sous-estiment l’engagement nécessaire. Il est important que chacun sache qu’il ne s’agit pas d’être disponible en permanence, mais de trouver un équilibre dans la cohabitation.
Actuellement, environ 30 cohabitations de ce type ont lieu dans le canton de Zurich. C’est peu au vu des besoins.
Oui, c’est une offre de niche. Elle ne résout pas la crise du logement ni la solitude en ville. Mais c’est un signal fort: des personnes osent de nouvelles formes d’habitat et cherchent des solutions créatives à la question de la vie à la retraite.
Interview réalisée par Sven Epiney, SRF. Traduit de l’allemand par Emilie Ridard à l’aide d’un outil de traduction automatique.

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