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Près de 200 personnes ont profité de la vente d’art du Département des finances de Bâle

Les employés du canton sont prêts à répondre aux questions des clients de l'art.
Le personnel du canton est prêt à répondre aux questions des acheteurs et acheteuses d'art. Finanzdepartement BS

Le Département des finances de Bâle a dissous sa collection d'art, estimant qu'il valait mieux mettre ses œuvres en vente à bas prix que de les laisser prendre la poussière.

C’est une scène inhabituelle pour un vendredi après-midi: une longue file d’attente s’est formée sur le trottoir, devant un entrepôt de la zone industrielle bâloise de Dreispitz. Environ 200 personnes attendent l’ouverture des portes, depuis longtemps pour certaines. L’objet de leur convoitise est la collection d’art du Département des finances de la ville de Bâle. Faute de savoir-faire et de ressources pour stocker correctement les œuvres, cette collection est désormais dissoute.

Afin que la vente se déroule de manière ordonnée, seules 40 personnes peuvent entrer dans la halle à la fois. Les autres attendent dehors. À l’intérieur, les œuvres sont classées selon l’artiste et disposées par ordre alphabétique, sur de longues rangées de tables pliantes.

Paiement en cash ou par Twint

Quelques pièces de choix ont préalablement été sélectionnées par des musées, la conservation des monuments historiques ainsi que par le Kunstkredit, un organisme qui équipe les espaces publics. Au total, on compte plus de 400 œuvres d’une centaine d’artistes dans la halle. Elles sont proposées à des prix fixes allant de 40 francs à quatre chiffres; il est possible de payer en cash ou par Twint. La liste des œuvres n’avait pas été publiée avant, seuls les noms des artistes étaient connus.

Cette offre accessible au grand public touche une corde sensible. «J’adore l’art, mais il est généralement trop cher. Peut-être que je trouverai ici quelque chose que je peux m’offrir», dit un homme avant l’ouverture des portes.

Grâce à des prix modérés, même les personnes intéressées disposant d'un budget restreint ont pu trouver leur bonheur.
Grâce à des prix modérés, même des personnes disposant d’un budget restreint ont pu trouver leur bonheur. Finanzdepartement BS

Un jeune homme exprime un intérêt un peu moins spécifique: «Nous cherchons encore des tableaux pour notre colocation. Il reste un peu de blanc sur les murs.» Un autre homme plus âgé dit quant à lui apprécier l’art local, justement parce qu’il est souvent sous-estimé: «Il y a toujours des histoires derrière qui méritent d’être découvertes.»

De nombreuses histoires de vie ont en effet été déposées sur ces tables sans charme. Citons par exemple le portrait à l’huile d’un garçon d’environ six ans en costume, avec la dédicace: «À ce cher Walti pour Noël 1925.»

Classés par ordre alphabétique, les fans trouveront rapidement les œuvres de leur choix.
Les oeuvres ont été classées par ordre alphabétique, afin que les amateurs trouvent rapidement leur bonheur. Finanzdepartement BS

Une halle remplie d’histoires

Le public est lui aussi venu avec son lot d’histoires, à l’exemple de cette femme d’âge moyen, venue très tôt pour ne pas manquer une œuvre en particulier: elle veut acheter une sculpture de son père décédé, dont elle est en train de trier la succession.

Il s’agit de l’une des premières sculptures de son père. Elle n’en avait encore jamais vu de semblable jusqu’à présent, explique-t-elle nerveusement. Quand elle tient dans ses mains la sculpture en fer intitulée «unendlich» («infini») et affichée au prix de 120 francs, elle s’exclame, les larmes aux yeux: «C’est elle! Magnifique, super! Je suis un peu émue.»

Le département des finances bâlois n'a pas pu entreposer son stock d'œuvres d'art dans les règles de l'art, si bien qu'il a maintenant dissous le dépôt.
Le Département des finances bâlois n’était pas en mesure d’entreposer son stock d’œuvres d’art correctement, raison pour laquelle il a dissous la collection. Finanzdepartement BS

«Je cherche le peintre de l’herbe», annonce pour sa part un homme à l’un des employés du canton présents pour répondre aux questions. Celui-ci comprend immédiatement qu’il doit s’agir de Bruno Gasser.

Une place d’honneur pour un tableau d’herbe

De fait, une œuvre de cet artiste, connu notamment pour ses fresques vertes peintes sur des bâtiments bâlois, était proposée à la vente. «J’ai vraiment trouvé une œuvre de rêve. Elle aura une place d’honneur », rayonne le client, qui avait attendu une heure pour cela.

La plupart des œuvres sont proposées à des prix compris entre 100 et 500 francs. Le tableau le plus cher, affiché à 4000 francs, est une œuvre de l’artiste bâlois Werner von Mutzenbecher. La majorité proviennent d’ateliers régionaux; on y retrouve de nombreux paysages, mais aussi une grande variété d’oeuvres abstraites.

Ces prix cassés portent leurs fruits: sur les quelque 400 œuvres de la collection du Département des finances, plus de 300 seront vendues en deux jours. «J’ai dépassé mon budget jusqu’en janvier», s’exclame en riant un client venu de Berne, alors qu’il quitte la halle avec plusieurs tableaux. Les quelques oeuvres restantes seront déposées dans des brocantes, où elles attendront de trouver une nouvelle maison.

Ces quelque 400 tableaux et sculptures étaient arrivés au Département des finances de Bâle entre les années 1960 et 1990. Celui-ci avait acquis certaines des œuvres lui-même, d’autres lui avaient été offertes ou provenaient de successions. Dans quelques cas isolés, elles avaient même servi à régler des dettes fiscales.

Certaines œuvres ornaient des bureaux et des couloirs de l’administration fiscale, mais la majorité étaient entreposées dans un local inaccessible. En dissolvant cette collection, le Département des finances clarifie aussi le fait que la promotion artistique relève du Département présidentiel, plus précisément du Kunstkredit. Celui-ci achète des œuvres et équipe les locaux cantonaux.

Le fonds artistique du département n’a rien à voir avec la «collection publique d’art de Bâle». Ce titre appartient au Kunstmuseum Basel, fondé en 1661, qui expose, outre ses propres collections, des prêts provenant de collections privées.

Traduit de l’allemand par Pauline Turuban à l’aide d’un outil de traduction automatique

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