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Le Prix Nobel de physique Michel Mayor embrase le Dies Academicus

Michel Mayor, accompagné de sa femme Françoise, a reçu un accueil triomphal à la cérémonie du Dies Academicus de l'Université de Genève. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le Prix Nobel de physique 2019 Michel Mayor était la vedette du Dies academicus de l’Université de Genève (UNIGE), vendredi. L’astronome a découvert, voilà 24 ans, avec son collègue Didier Queloz, la première planète extrasolaire.

Depuis cet événement, la chasse aux exoplanètes a pris un essor insoupçonné, mobilisant des milliers de scientifiques. Dans les années 90, cette discipline n’avait pourtant pas vraiment la cote. Elle était même mal vue, a relevé M.Mayor dans son discours lors du Dies academicus, devant une assemblée conquise et enthousiaste.

Ce domaine “pas du tout porteur” avait été marqué par de nombreuses désillusions. Les annonces de découvertes tombaient toutes à plat, poussant les astrophysiciens à se tourner vers d’autres activités qui semblaient plus prometteuses. Il y a 25 ans, “nous étions quatre groupes de 2 personnes qui travaillaient dessus”, a noté M.Mayor.

La découverte de 51 Pegasi b a tout changé. Elle a déclenché une vraie folie médiatique, a relevé le professeur romand. Peu de temps après, une équipe américaine concurrente des Suisses annonçait à son tour l’existence de deux nouvelles exoplanètes. La traque aux mondes extraterrestres était lancée et ne s’est pas arrêtée depuis.

Soutien cantonal et fédéral

M.Mayor n’a pas oublié vendredi de témoigner sa gratitude envers l’Université de Genève (UNIGE) et le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) pour le soutien que lui et son collègue Didier Queloz ont reçu pendant plusieurs décennies afin de mener leurs travaux.

Lors d’une conférence de presse donnée à l’issue de la cérémonie du Dies Academicus, M.Mayor est revenu sur la façon dont il a appris qu’il recevait le Prix Nobel de physique. “Cette année était celle où il y avait le moins de rumeurs”. Le professeur ne voyait donc aucune raison d’attendre fébrilement à Genève le nom des lauréats.

Mardi, “j’étais en Espagne”. Avant de prendre l’avion, peu avant midi, l’astronome, qui ne possède pas de téléphone portable, décide de se connecter brièvement au réseau à l’aide de son ordinateur. Il assiste, alors, médusé, à la divulgation des Prix Nobel de physique 2018 et 2019.

Sa femme, qui possède un téléphone, lui confirme la nouvelle. “La surprise fut violente”. L’ordinateur du professeur “explose”, les courriels affluent du monde entier. “Je n’ai pas encore eu le temps de tout lire”, a avoué M.Mayor. Son épouse, de son côté, regrette un peu d’avoir donné son numéro de potable, car il ne cesse de vibrer.

Petite pression amicale

Parmi les messages reçus figure celui du recteur de l’UNIGE Yves Flückiger. Il fait comprendre à Michel Mayor, tout en le félicitant chaleureusement et en trinquant à son Prix Nobel, que ce serait bien qu’il soit à Genève pour le Dies Academicus. “Mes collègues espagnols se sont montrés compréhensifs”, a relevé l’astronome.

Concernant l’avenir de sa discipline, Michel Mayor le voit dans la détection de la vie sur des exoplanètes. “Ce ne sera pas pour demain, mais peut-être dans 10 ou 20 ans”. La question n’est en tout cas pas nouvelle. Le philosophe grec Epicure, qui croyait dans la pluralité des mondes, se l’était déjà posée il y a 2000 ans.

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