La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935

Les Etats-Unis cèdent: Trump cloue au sol tous les Boeing 737 MAX

Le crash, qui a fait 157 morts de 35 nationalités, est le second en moins de six mois pour le Boeing 737 MAX 8. Dans des circonstances similaires, un avion du même type de la compagnie indonésienne Lion Air s'est écrasé fin octobre au large de l'Indonésie, faisant 189 morts. KEYSTONE/EPA/STR sda-ats

(Keystone-ATS) Donald Trump a fini par céder à la pression en annonçant que tous les Boeing 737 MAX allaient être cloués au sol. Le président américain se rallie au consensus international sur ce nouvel avion du constructeur américain après deux accidents tragiques.

« Nous allons décréter en urgence l’interdiction de tous les vols des 737 MAX 8 et 737 MAX 9 », a déclaré M. Trump depuis la Maison Blanche. « La sécurité des Américains, et de tous les passagers, est notre priorité absolue », a-t-il déclaré. Le PDG de Boeing Dennis Muilenburg a immédiatement réagi, renouvelant sa « confiance totale en la sécurité du 737 MAX » tout en affirmant que la recommandation d’immobiliser temporairement cette flotte d’avions était à l’initiative du constructeur pour rassurer le grand public.

La décision de clouer au sol les Boeing 737 MAX est justifiée par de nouvelles données, a annoncé la FAA, le régulateur aérien américain. La décision du président américain a été prise dans le sillage de celle du Canada, qui, jusqu’à mercredi, était le seul pays à accompagner les Américains dans leur refus de suspendre des airs cet aéronef.

Ottawa a justifié cette interdiction de vol provisoire, qui prend effet « immédiatement » et « jusqu’à nouvel ordre » par la collecte de nouvelles informations laissant à penser que la tragédie d’Addis Abeba, qui a fait 157 morts dimanche, a des points communs avec l’accident meurtrier d’un autre MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air qui a tué 189 personnes fin octobre.

« Similarité »

Les informations reçues et analysées mercredi matin « viennent de données satellitaires qui suggèrent une similarité dans le profil du vol de ces deux accidents », a expliqué le ministre des Transports Marc Garneau. Les experts ont comparé le profil des deux vols et constaté « des parallèles » dans leurs trajectoires et leurs « variations » qui « dépassent un seuil de ressemblance quant aux causes possibles de l’écrasement en Ethiopie ».

Bien que cela ne soit « pas concluant », c’est « une ressemblance suffisante pour que l’on franchisse le seuil de précaution », a estimé le ministre.

Les premiers éléments de l’enquête de l’accident de Lion Air ont mis en cause un dysfonctionnement sur le système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l’avion, le « MCAS » (Maneuvering Characteristics Augmentation System). Le MCAS est un système tout nouveau conçu spécialement pour les 737 MAX, en raison de moteurs plus lourds que ceux équipant les 737 d’ancienne génération.

Le Canada a dévoilé ces informations alors que plusieurs pilotes américains ont eux-mêmes rapporté en octobre et novembre, sur une base de données anonyme de la NASA, avoir été confrontés à un dysfonctionnement du système MCAS. Ils ont toutefois réussi à éviter un accident car ils avaient été informés et entraînés à faire face à ce potentiel incident.

Imbroglio autour des boîtes noires

Depuis lundi, les pays et autorités aériennes en Asie, en Europe, au Moyen-Orient avaient refusé les uns après les autres l’accès à leurs couloirs aériens au 737 MAX. Pour autant, l’agence américaine de l’aviation (FAA), qui doit officialiser la décision du président américain, estimait encore mardi soir qu’il n’y avait pas de raison de clouer au sol cet appareil, dernier né des moyen-courriers et au coeur de la stratégie de Boeing.

Tous les yeux sont désormais rivés sur les deux boîtes noires de l’appareil accidenté d’Ethiopian, qui seules, peuvent donner l’enchaînement précis des événements. Retrouvées dès lundi, elles sont pour l’heure inexploitées faute de consensus sur le bureau d’enquête technique qui va avoir la délicate tâche de les décrypter.

Les boîtes noires devaient être envoyées « en Europe », dans un pays qui n’a pas encore été choisi, avait indiqué Asrat Begashaw, porte-parole d’Ethiopian Airlines. Car l’Ethiopie ne dispose pas de l’équipement nécessaire à leur lecture.

L’interdiction de vol pour un avion récent est un camouflet inédit dans l’histoire de l’aviation civile. Pourtant, elle ne devrait pas perturber sérieusement le trafic aérien mondial. Quelque 370 appareils de cette famille volent dans le monde aujourd’hui. Environ 19’000 avions d’au moins 100 passagers sont en service au niveau international, tous modèles confondus, selon des données d’Airbus.

Les plus appréciés

Les plus discutés

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision