Nadine Morano destituée pour ses propos sur la « race blanche »
(Keystone-ATS) La commission d’investiture du parti Les Républicains (LR) a retiré mercredi à Nadine Morano la tête de liste en Meurthe-et-Moselle pour les régionales de décembre. Cette décision sanctionne ses propos sur la France, pays « de race blanche ».
Cette éviction a été votée à l’unanimité moins trois abstentions par la Commission d’investiture (CNI), composée de 26 membres. « La CNI a pris acte avec regret du refus de Nadine Morano de revenir sur ses propos comme il le lui avait été demandé à plusieurs reprises », a indiqué le parti dans un communiqué.
Nadine Morano, qui est vice-présidente de l’instance, était absente lors de la réunion. Députée européenne, elle se trouvait à Strasbourg pour l’intervention d’Angela Merkel et François Hollande devant le Parlement européen.
Nicolas Sarkozy avait accordé mardi soir à l’élue une dernière chance, lui demandant de formuler des regrets dans une lettre avant la réunion de la CNI, ce qu’elle n’a pas fait, ne reniant rien de ses propos. Nadine Morano sera remplacée par Valérie Debord, ex-députée de la région.
Sacrifice
Selon un participant au comité exécutif du parti qui a précédé la CNI, Nicolas Sarkozy a estimé qu’il fallait sacrifier Nadine Morano, même si elle avait présenté ses excuses.
Philippe Richert, président de la région Alsace et tête de liste de LR aux élections régionales dans le Grand Est, a en effet annoncé aux instances nationales de sa formation qu’il démissionnerait si elle gardait son investiture en Meurthe-et-Moselle.
« Richert m’a dit: ‘si Morano est investie, c’est sans nous, j’ai la lettre de démission des têtes de liste de cette région sur mon bureau' », a déclaré Nicolas Sarkozy selon ce participant. « Mieux vaut une crise passagère et investir à long terme. On a la responsabilité de porter l’alternance », aurait-il ajouté.
M. Richert conduit en effet une liste Les Républicains-UDI-MoDem en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, une alliance que Nicolas Sarkozy entend répliquer à l’échelon national pour la présidentielle de 2017.
Morano veut « dézinguer » Sarkozy
Furieux contre la frondeuse, avec laquelle les ponts étaient coupés, Nicolas Sarkozy avait déploré publiquement le 30 septembre qu’elle cherche par ses déclarations fracassantes « une publicité » nuisible « à la crédibilité des Républicains ».
Nadine Morano, qui n’a jamais digéré d’avoir été écartée par Nicolas Sarkozy lors du retour de ce dernier en politique en septembre 2014, ne s’avoue pas vaincue pour autant. « Je dézinguerai » Nicolas Sarkozy, a-t-elle déclaré la semaine dernière au Point.
Il s’agit d’un risque pour l’ancien chef de l’Etat, qui a sacrifié une égérie des militants sarkozystes sur l’autel de l’union avec les centristes alors même qu’elle s’exprimait sur un thème électoral de son ancien mentor – l’identité.
« Nadine, les militants l’aiment, ils l’aiment pour son bagout, sa combativité, sa loyauté. Si on la sanctionne, elle va devenir incontrôlable », prédisait un parlementaire des Républicains avant la décision de la CNI.
La Nancéienne, qui a annoncé en septembre sa candidature à la primaire de la droite et du centre de 2016, a lancé mardi un appel aux dons pour son micro-parti, le Rassemblement pour le peuple de France, créé en 2012. Si elle obtient les parrainages nécessaires à sa candidature, elle pourrait préempter à son profit une partie de l’électorat sarkozyste.