Afghanistan: la Suisse se démène pour ses otages
Tous les moyens diplomatiques sont mis en œuvre pour venir en aide aux quatre Suisses retenus en otages, avec 150 autres personnes, par des pirates de l’air. Des négociations sont en cours en Afghanistan entre le commando et des diplomates indiens.
Tous les moyens diplomatiques classiques sont mis en œuvre pour venir en aide aux quatre Suisses retenus en otages, avec 150 autres personnes, par des pirates de l’air. Des négociations sont en cours sur l’aéroport de Kandahar, en Afghanistan, entre le commando et des diplomates indiens.
«Les quatre otages suisses sont toujours dans l’avion. Ils ont pu manger et boire», a déclaré, lundi, Ruedi Christen, le porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Mais les autorités helvétiques restent inquiètes et relativement démunies face à une situation complexe et volatile. Une situation qui met en présence deux acteurs – l’Inde et des pirates de l’air probablement pakistanais. Et tout cela dans un pays déchiré par une guerre civile, l’Afghanistan.
La Suisse a mis en branle tous les mécanismes prévus par les voies diplomatiques classiques. Il y a d’abord eu le coup de fil, donné dimanche, par le chef du DFAE, Joseph Deiss, à son homologue indien Jaswant Singh. Le conseiller fédéral lui a demandé d’assurer la sécurité des otages de l’Airbus 300 indien, détourné vendredi, probablement, par des séparatistes du Cachemire. Ces derniers réclament la libération de leur chef religieux, Mohammed Azhar Massoud, emprisonné depuis 1994 au Cachemire indien.
Il y a eu, ensuite, l’intervention, lundi, de l’ambassadeur de Suisse en Inde auprès du Ministère des affaires étrangères à New Dehli. Il lui a demandé de faire son possible pour mettre fin à la prise d’otages sans qu’il y ait de nouvelles victimes. Et en amont, le chargé d’affaires de l’ambassade suisse au Pakistan a été envoyé à Kandahar. Sa mission : prendre en charge les quatre Suisses, dont un jeune couple romand, au cas où les otages devaient être libérés. De son côté, le CICR a offert ses services humanitaires à toutes les parties. Mais il n’entend pas se mêler des négociations en cours.
Justement, une lueur d’espoir est apparue lundi. Avec, dans un premier temps, un geste des ravisseurs eux-mêmes. Ils ont différé leur ultimatum en renonçant, momentanément, à exécuter leurs prisonniers. Une équipe de sept négociateurs indiens, arrivés lundi soir sur place, a pu engager un premier dialogue. Puis mardi, des négociations, qualifiées de «sérieuses», ont pu avoir lieu. Particulièrement intransigeants, les ravisseurs ont réclamé la libération de 35 islamistes emprisonnés en Inde et une rançon de 200 millions de dollars. En revanche, ils ont refusé de libérer des enfants, avec leurs mères. Par ailleurs, ils ont autorisé des ingénieurs afghans à monter à bord de l’Airbus, pour réparer une fuite à un réservoir de kérosène endommagé. Signe qu’ils n’excluent pas un départ vers une autre destination, en cas d’échec des négociations. Un tel départ arrangerait les Talibans, qui leur ont refusé l’asile politique. Craignant d’être entraînés contre leur gré dans une affaire sensible, les autorités au pouvoir en Afghanistan ont averti que des commandos donneraient l’assaut si un otage était tué.
Jugurtha Aït-Ahmed
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