Elections fédérales : la «formule magique» pourrait en prendre un coup

Le scrutin du 24 octobre pourrait remettre en question l'extraordinaire stabilité politique que vit la Suisse. La poussée prévue de la droite conservatrice pourrait déstabiliser la fameuse "formule magique", la clé de voûte de l'alliance gouvernementale.

Les élections fédérales du 24 octobre prochain pourrait remettre en question l’extraordinaire stabilité politique que vit la Suisse. En effet, on prévoit une poussée de la droite conservatrice, l’UDC, ce qui pourrait déstabiliser la fameuse «formule magique», la clé de voûte de l’alliance gouvernementale, qui tient bon depuis 40 ans.

Pour comprendre ce qui est en train de se passer, il faut savoir que le 17 décembre 1959, il y aura donc quarante ans dans deux mois, les quatre plus grands partis politiques de Suisse se sont répartis les sept sièges que compte invariablement, selon la constitution, le gouvernement. Deux sièges furent ainsi attribués à chacun des trois plus grands partis : socialistes, démocrates-chrétiens et radicaux (centre – centre droit). Et un siège au parti des Paysans, Artisans et Bourgeois, connu aujourd’hui sous le nom d’Union Démocratique du Centre. Un nom qui, notons-le, prête à confusion puisqu’il désigne un parti fondamentalement conservateur qui est en fait le parti le plus à droite du gouvernement.

Historique dans la mesure où elle marquait le retour des socialistes au pouvoir après plusieurs années d’absence, cette formule de gouvernement s’avéra très solide. A tel point qu’on l’appelle aujourd’hui formule «magique» pour laisser entendre qu’elle permet de régler les problèmes du pays comme par enchantement. En fait, la réalité n’est pas aussi rose.

La présence de tous les grands partis au gouvernement a certes donné à la Suisse une grande stabilité tout en faisant un Etat relativement équitable et progressiste. Mais politiquement, la Suisse est aujourd’hui relativement isolée sur le plan international. Socialement, elle connaît certaines difficultés. Et économiquement, son dynamisme traditionnel passe par un creux.

C’est ce qui a amené certains, à gauche comme à droite, à préconiser la fin de la formule magique. Et comme pour la première fois depuis quarante ans, l’équilibre des forces politiques pourrait être, après les prochaines élections, fortement perturbé, notamment par le triomphe probable des ultra conservateurs de l’Union Démocratique du Centre, les partisans d’un changement de système voient leur heure venue.

Michel Walter