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L’isolement européen de l’Autriche interpelle la Suisse et ses populistes

La menace de mise en quarantaine brandie par les quatorze partenaires européens de l’Autriche pose la question de l’ingérence de l’Union dans un pays membre. Mais un état tiers comme la Suisse pourrait aussi être visé.

La menace de mise en quarantaine brandie par les quatorze partenaires européens de l’Autriche pose la question de l’ingérence de l’Union dans une démocratie. En l’occurrence, celle d’un pays membre. Mais un état tiers comme la Suisse pourrait aussi être visé.

Une analyse sommaire pourrait donner à penser que l’Autriche est sanctionnée parce qu’elle est membre de l’Union européenne. Bruxelles met au coin le mauvais élève de la classe. De quoi donner de l’eau au moulin des adversaires de l’intégration européenne, dans les pays non-membres comme la Suisse.

A y regarder de plus près, l’isolement de l’Autriche serait bien plus imperméable si l’Autriche n’était pas membre de l’Union. En effet, la rupture des relations politiques est uniquement bilatérale, de pays à pays, elle est donc avant tout symbolique, tant que l’Autriche conserve tous ses droits de membre de l’Union européenne.

La Suisse, si elle était visée par de telles mesures, serait totalement isolée sur la scène internationale. Une hypothèse moins farfelue qu’il n’y paraît depuis que le Conseil de l’Europe a classé l’Union démocratique du Centre (UDC), premier parti suisse en suffrages, dans la même catégorie que le FPÖ de Jörg Haider (photo) et que le Vlaams Blok des séparatistes flamands: «celui des manifestations préoccupantes», directes ou indirectes, de la xénophobie.

Deux poids, deux mesures? La fermeté des partenaires de l’Autriche ouvre en tout cas un débat sans fin sur la nocivité de tel ou tel mouvement politique. Théoriquement, les Quinze pourraient montrer du doigt le gouvernement suisse et son ministre UDC. Et, rétrospectivement, beaucoup d’observateurs se demandent pourquoi l’Union européenne n’a pas frappé du même ostracisme, en 1994, le gouvernement italien comprenant l’Alliance nationale de Gianfranco Fini. Lequel assumait ouvertement sa filiation fasciste.

L’Union européenne d’aujourd’hui n’est plus celle de 1994. D’une part, le traité d’Amsterdam a introduit la possibilité de prendre des sanctions contre un état membre qui enfreindrait «de manière grave et persistante» les principes de la démocratie. D’autre part, l’Union se prépare à l’élargissement le plus important de son histoire. Elle se doit donc de balayer devant sa porte avant de donner des leçons aux pays candidats.

Thierry Zweifel, Bruxelles

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