La Suisse face aux réfugiés du nazisme: le rapport Bergier remporte un vif succès
Sorti il y a cinq semaines, le rapport sur l’attitude de la Suisse durant la Deuxième Guerre mondiale s’est déjà vendu à près de 5000 exemplaires. Jean-François Bergier est frappé par l’accueil plutôt serein réservé à cette étude sans complaisance.
Sorti il y a cinq semaines, le deuxième rapport de la commission internationale d’historiens sur l’attitude de la Suisse durant la Deuxième Guerre mondiale s’est déjà vendu à près de 5000 exemplaires. Le responsable de cette commission, l’historien Jean-François Bergier, est frappé par l’accueil plutôt serein réservé à cette étude sans complaisance.
Il y a bien eu un début de polémique avant même la sortie du rapport. Une polémique alimentée par une fuite provenant de l’entourage du Conseil fédéral, selon Jean-François Bergier. Mais, une fois replacée dans son contexte, la phrase qui a mis le feu aux poudres a fait taire les critiques les plus virulentes.
Dans ses conclusions, le rapport des historiens soulignait, en effet, que «les autorités suisses ont contribué, – intentionnellement ou non – à ce que le régime national-socialiste atteigne ses objectifs». Révélée prématurément, cette conclusion n’était en fait pas un jugement à l’emporte-pièce, mais le constat implacable des mesures prises par les autorités de l’époque.
Malgré la dureté de ce constat et des faits mis en lumière, ce second rapport de la commission Bergier n’a pas provoqué une réaction de rejet, bien au contraire. Les 4500 exemplaires de la première édition sont déjà presque tous vendus et une deuxième édition de 7000 exemplaires devrait rapidement connaître le même sort.
Jean-François Bergier pense qu’après le choc subi au début de l’affaire des fonds en déshérence, une grande majorité de la population suisse accepte aujourd’hui la réalité démythifiée de l’histoire suisse de cette période.
Mais cet examen du passé n’est pas clos pour autant. Le rapport final de la commission Bergier attendu pour la fin 2001 doit aborder les relations économiques de la Suisse avec les autres protagonistes de la Deuxième Guerre mondiale, que ce soit au niveau des Etats ou au niveau des entreprises.
Reste à savoir si ces recherches – sans équivalent dans le monde – vont susciter le débat qu’elles méritent. Un débat sur la Suisse d’hier, mais également sur celle d’aujourd’hui.
Frédéric Burnand
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