Législatives russes: le satisfecit de l’OSCE et d’Edouard Brunner
En tant que chef de mission de l’OSCE, Edouard Brunner relève certains excès durant la campagne électorale. Mais ses observateurs n’ont constaté aucune fraude lors du scrutin de ce week-end.
En tant que chef de mission de l’OSCE, l’ambassadeur de Suisse Edouard Brunner relève certains excès durant la campagne électorale. Mais ses observateurs n’ont constaté aucune fraude lors du scrutin de ce week-end. Un scrutin remporté par le parti communiste et le parti proche du Kremlin.
Le plus souvent, l’avis d’Edouard Brunner sur une question a valeur de verdict. Et lorsque le chef de la mission des observateurs de l’OSCE affirme que globalement les élections législatives russes se sont bien déroulées et qu’aucune tricherie n’a été constatée, il est difficile de le contredire. L’ancien secrétaire d’Etat est un homme de terrain. Il dispose d’un capital inestimable: une solide expérience, comme observateur et médiateur mondialement reconnu, acquise tant en Suisse (il vient de diriger la réflexion sur la refonte des services secrets), en Géorgie ou au Proche-Orient. Les terrains minés lui sont familiers. Mais au delà d’une formulation diplomatique, liée à son rang, Edouard Brunner dit toujours les choses, avec une sorte d’assurance tranquille. Il suffit de l’entendre.
«Du point de vue logistique, tout a été très bien organisé. La commission électorale a tenu compte des observations que la mission de l’OSCE lui avait faites, suite aux précédentes élections, il y a quatre ans. Et d’après ce que nous avons pu observer dans ce large territoire qu’est la Russie, elles ont été appliquées avec efficacité», souligne Edouard Brunner. Voilà pour le respect des procédures. Reste, bien sûr, l’essentiel: la validité du scrutin. Sur ce point, Edouard Brunner est formel. «Nous n’avons rien trouvé à redire, ni le jour du vote, ni le soir, au moment du décompte des voix».
Et, lorsqu’on lui fait remarquer ce qu’il sait déjà: la disproportion existant entre le nombre des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) – 400 – et celui des bureaux de vote à contrôler – 93 000 – , il répond: «nous étions en tout 1000 observateurs internationaux. Chacun a pu couvrir quatre bureaux de vote. Nous en avons donc contrôlé 4000. C’est suffisamment révélateur».
Vient ensuite, une note critique. Plus fondamentale qu’il n’y paraît. «Lors de la campagne électorale, certains médias sont allés trop loin. Ils ont lancé des attaques personnelles, négatives, contre certains candidats. D’autres ont débordé les cadres financiers impartis. Mais le financement des campagnes électorales est aussi un problème, non résolu, en Occident», affirme Edouard Brunner.
En tant que technicien de l’observation, Edouard Brunner a mis le doigt, sans le dire, sur une caractéristique importante de ces élections. Elle tient aux moeurs politiques d’un système où la propagande peut encore faire la différence dans les urnes. La campagne électorale n’a visiblement pas été équitable. Et le rôle des médias nationaux, inféodés aux grands groupes financiers tenus par des oligarques, a sans doute contribué à la percée spectaculaire de partis proches du Kremlin. La nouvelle chambre basse du parlement est davantage pro-gouvernementale et plus orientée à droite. Et pour cause. Il y a quelques semaines, Unité, le parti dirigé par Sergueï Choïgu, le ministre des Situations d’urgence, n’existait pas. Créé pour engranger les voix favorables au Kremlin, il a été soutenu par le premier ministre Vladimir Poutine. Aujourd’hui, Unité occupe la deuxième place dans la nouvelle Douma, derrière le parti communiste. Grand vainqueur à Moscou de la guerre menée par ses troupes en Tchétchénie, Vladimir Poutine peut continuer sa marche vers l’élection présidentielle de l’été prochain. Il apparaît comme le candidat le mieux placé pour succéder à Boris Eltsine.
Jugurtha Aït-Ahmed
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