Crossair: les pilotes menacent de faire la grève du ciel
Les pilotes de Crossair sont résolus à dénoncer leur convention collective de travail (CCT) et menacent, pour la première fois, de débrayer si les négociations avec la direction de la compagnie bâloise ne donnent pas de résultats probants.
Les pilotes de Crossair sont résolus à dénoncer leur convention collective de travail (CCT) et menacent, pour la première fois, de débrayer si les négociations avec la direction de la compagnie bâloise ne donnent pas de résultats probants.
Le conflit entre Crossair et ses pilotes ne cesse de s’envenimer. Vendredi, il a franchi un nouveau palier. Consultés par référendum, les membres du Syndicat du personnel de cockpit (CCP) de la compagnie se sont prononcés à 95 pour cent pour une dénonciation anticipée de leur convention collective de travail (CCT), qui expire fin juin. Un tribunal arbitral paritaire devra trancher. A la fin de l’année dernière, un vote sur le même thème avait recueilli l’assentiment de 75 pour cent des quelque 600 pilotes et copilotes membres du syndicat, sur environ 800 que compte Crossair. On mesure donc l’escalade.
D’autant qu’à l’époque, l’un des responsables du syndicat des pilotes avait pris soin de préciser qu’il ne s’agissait nullement d’un premier pas vers la grève. Ce ton conciliant n’est plus de mise. Les pilotes de Crossair parlent ouvertement de cesser le travail si aucun terrain d’entente n’est trouvé. La quasi-totalité d’entre eux s’est prononcée pour la grève comme ultime recours.
Leurs revendications sont toujours de trois ordres. D’une part, l’amélioration des conditions de travail: cela concerne notamment la réduction de la durée maximum de la journée de travail, aujourd’hui de 14 heures, pour tendre à un alignement sur la maison mère Swissair, qui a ramené cette durée à 11 heures 30.
Ensuite, la révision de l’échelle des salaires: en clair, augmentation substantielle des rémunérations des pilotes, dont on sait qu’elles sont en moyenne inférieures d’un bon tiers à celles de Swissair, Easy Jet ou Balair.
Enfin, la réintégration des deux pilotes licenciés à la mi-novembre, en raison de leurs attaques répétées contre la direction de Crossair au sujet des deux revendications précédentes. Sur ce dernier point, la direction de Crossair a toujours déclaré ne pas vouloir transiger. Elle a accueilli les menaces des pilotes en se contentant de réaffirmer la nécessité de solutions négociées.
Pour l’année de son 25e anniversaire, la compagnie fondée et toujours dirigée par Moritz Suter affronte donc les plus fortes turbulences de son existence. Déjà frappée début janvier par le premier accident grave d’un de ses appareils, le conflit consommé avec ses pilotes efface encore un peu plus son image – voulue par son patron – de petite compagnie familiale et sans histoires.
Joël Quilleré
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