Elections russes: deux Suisses à la tête de la mission d’observation de l’OSCE
Près de 400 observateurs sont à pied d’œuvre pour garantir le bon déroulement des législatives, ce dimanche, en Russie. Le duo helvétique, Edouard Brunner et Gérard Stoudman, doit relever un défi difficile. Sur fond de guerre en Tchétchénie.
Près de 400 observateurs sont à pied d’œuvre pour garantir le bon déroulement des législatives, ce dimanche, en Russie. Le duo helvétique, Edouard Brunner (photo) et Gérard Stoudman, doit relever un défi difficile. Sur fond de guerre en Tchétchénie
Pendant que des civils et des soldats meurent en Tchétchénie, la Russie s’apprête donc à désigner, ce dimanche, ses députés à la Douma, la chambre basse du parlement. Un scrutin «observé» par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui a mandaté sur place ses plus fins limiers. Parmi eux, deux ambassadeurs de Suisse: l’ancien secrétaire d’Etat, Edouard Brunner, rompu aux médiations délicates, et Gérard Stoudman, qui dirige depuis Varsovie, en Pologne, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme. Une instance, fondée par l’OSCE en 1992, pour promouvoir des élections démocratiques et surveiller les processus électoraux.
Justement, pour accomplir cette tâche, dans un pays profondément marqué par un autoritarisme post-soviétique, le duo helvétique peut compter sur 400 observateurs chargés de veiller au grain. Un pari difficile, concède Jean-Daniel Ruch, conseiller personnel de Gérard Stoudman. 400 spécialistes peuvent-ils assurer un contrôle crédible dans les 93 000 bureaux de vote, répartis sur un territoire immense? «Ce n’est certes pas suffisant, souligne Jean-Daniel Ruch. Mais, ils seront disposés dans des zones sensibles, à forte densité de population». Chaque expert ira visiter deux à trois bureaux. «L’important étant d’avoir une vision assez fidèle du déroulement des opérations.»
En outre, les 28 partis politiques en course disposeront de leurs propres observateurs. Tout comme un certain nombre d’ONG. Des contrôles sont prévus dans les prisons et les hôpitaux de Moscou. Mais pas question, bien sûr, d’accéder à l’armée. Le déroulement du scrutin y est frappé du sceau «secret défense». Globalement, Edouard Brunner reste optimiste. L’ambassadeur de Suisse a déclaré à l’ATS que les préparatifs de la campagne se déroulaient «sans problème majeur». «En comparaison avec les dernières élections il y a quatre ans, la situation actuelle est de toute évidence plus démocratique», a-t-il encore précisé.
Mais visiblement, ces élections ne mobilisent pas les foules. «Les préparations aux fêtes de Noël sont plus présentes dans les rues de Moscou que la campagne électorale elle-même» explique un moscovite. La campagne s’est déroulée sans débats ni enjeux véritables, sur fond de guerre menée à huis clos en Tchétchénie. Knut Vollebaek, le président de l’OSCE, a tenté en vain d’entrer à Grozny, assiégée et bombardée par l’armée russe.
L’OSCE joue, une fois de plus, sa crédibilité en Russie. Incapable d’imposer sa médiation dans le conflit tchétchène, saura-t-elle éviter le piège d’une caution politique trop facilement donnée au scrutin de dimanche. Le terrain politique russe est miné. Et les grands oligarques, qui dirigent les partis en lice, pourraient sortir renforcés d’un exercice démocratique formel. Un bilan sera tiré, lundi, lors d’une conférence de presse d’évaluation à laquelle participeront une centaine de parlementaires provenant de différents pays de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe. Dont le député suisse Ernst Mühlemann qui avait fait adopter, au Conseil de l’Europe, un texte pro-russe à propos de la guerre en Tchétchénie.
Jugurtha Aït-Ahmed
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